Une de la semaine

Chroniques Sous tes Reines #8

 

….Exemple de roman dont je ferme le livre dès le premier paragraphe :
….Il fait beau ce matin. La légère brise rafraîchit mon café, le rendant buvable tandis que je regarde émerveillé (le cul des femmes passer ?) les nuages moutonner. Un mercredi qui attend l’été, tout va bien, internet est en panne. Du coup je ne sais pas si cette chronique pourra sortir à temps et, vu que j’ai eu l’idée ridicule de me faire un Boulette Journal, histoire de ranger un peu le foutoir planqué dans ma tronche, pour cause technique je ne pourrais pas faire la moitié de ce que je projetais ce matin. Comme une preuve de plus que faire des projets est totalement débile.
….Certainement que cela va finir dans mon lit, à poil (ou en calbut’, cela dépendra de la température et des moustiques), un verre à la main peut-être, en train de feuilleter les chroniques de Kamel Daoud. Je vous le conseille, mais à faible dose – alterné avec du BHL ou du Joffrin par exemple – sinon ce libre penseur arabe va vous faire voir notre précieuse dictature molle d’un point de vue qui va vous sembler inacceptable, parce que libre all right.
….Mais c’est jouissif de lire notre si magnifique et subliiiime monde occidental, dit moderne, d’un point de vue maghrébin, avec tout ce que cela comporte comme différence d’angle de perception, que ce soit en culture, en lecture de l’histoire, en mode de vie quotidienne, en désir, en envie, en projection. Ce qui me fascine c’est comment ce mec ne s’est pas encore fait flinguer, ni comment il ne s’est pas flingué lui-même. Alors pourquoi je dis qu’il faut lire ça à faible dose ? Parce que malgré ce que j’ai pu entendre çà et là sur la toile, je trouve le style de Daoud – sur ces chroniques en tout cas (dont je ne suis qu’au tiers, espérons que ça s’arrange avec la pratique), je ne me suis pas encore collé ses romans – assez lourd. Trop « propre » même, dans la forme.
….Imaginez-vous lire un recueil des éditoriaux de Libération (torchon de vendus par excellence, mais bien vendu), s’il avait fait honneur au titre de son journal. Le problème c’est que cela reste du journalisme, et un journaliste algérien parlera de personnalités, de groupes politiques, d’affaires, de références historiques et d’informations qui pour moi sont aussi compréhensibles et digestes qu’une recette de lasagnes avec des protéines de soja.
….Deuxième chose, le bonhomme écrit vite, tous les jours, parfois plusieurs chroniques par jour. Parfois cinq paraît-il. Là où ses collègues journalistes-français-intervieweurs en tombaient le cul par terre d’admiration, en tant qu’écrivain, ça me fait comprendre le pompeux de certaines chroniques. Écrire plusieurs poèmes par jour, ok. Plusieurs chroniques, là je reste faussement sceptique… Mais Kamel Daoud a répondu à mon interrogation plus ou moins comme ça « Avant je faisais comme mes collègues, je mettais plusieurs heures pour écrire une chronique. Et puis je me suis dit qu’écrire et penser en même temps ce n’était pas normal, c’est deux activités différentes. Alors j’écris d’abord les chroniques dans ma tête, et ensuite je les marque d’un bloc sur le papier. » Soit, chacun sa méthode, personnellement écrire deux fois la même chose est le meilleur moyen de ne rien me faire écrire du tout. Mais le souci de rentabilité n’est pas le même je suppose…
….Dans tous les cas, ce mec pue la réflexion, l’intelligence et la libre pensée, je ne peux donc que vous le conseiller. Surtout en ne pouvant m’empêcher de me dire que ça serait pas mal en France, pays de la Liberté, des Droits de l’Homme, de la littérature et de Nabilla, ça serait donc pas mal dis-je dans notre pays, qu’un journaliste chronique comment les traitres sont au pouvoir, et tout ce pourquoi ce pays part en couilles.
….Le plus intéressant avec Daoud, d’un point de vue de bon petit french, c’est de découvrir le pays de Camus (et Roger Hanin mais bon…), ou la ville natale d’Orane Demazis vue de l’intérieur, après la décolonisation et la guerre civile, sans vision Française, ni Occidentale, donc sans ce filtre d’autocensure de « attention tu parles comme l’extrême droite » dès qu’on commence à l’ouvrir sur l’Islam (entre autre sujet) et dont les médias nous abreuvent de préjugés dont ils nous condamnent aussi sec la critique (sacrée schizophrénie hein ? ).
….Daoud s’en contre fout des préjugés, comme votre serviteur, mais il a la supériorité de savoir de quoi il parle. Et si je ne dirais pas encore comme De Gaulle que je l’ai compris, au moins le cœur y est.
….Que l’on soit d’accord ou pas, lors d’une interview accordée à Europe 1 par notre cher Patrick Cohen national, Kamel Daoud a posé une réflexion incisive sur le voile et le burkini qui, s’il avait été un Français bien comme il faut, l’aurait fait passer pour le premier des nazis et aussi coupé de parole par le Pat’. Mais par son statut d’arabe algérien (un statut préfectoral qui en France vaut pire que toutes les discriminations (positives ?) car on regarde l’origine raciale avant l’homme et son propos) il fut préservé, ce qui lui valut le droit de répondre à la question suivante sans se faire insulter.
….Notre Cohen nazional : Que répondez-vous aux féministes qui voient dans la burqa ou le burkini une forme d’émancipation de la femme ?
….Daoud : Non, je ne suis absolument pas d’accord. Il n’y a pas d’émancipation dans la soumission. Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas un choix. Il est erroné de défendre le voile comme un choix. Ce n’est pas un choix. C’est un choix de soumission, c’est une pression sociale, c’est une pression « identitaire », c’est une pression communautaire mais ce n’est pas un choix. Je préfère à cela La Liberté, qu’elle soit absolue.

 

 

 

….Ça fait du bien non ? Ça change du bourre-mou habituel.
….Heureusement pour sa célébrité (qui doit un peu le protéger de la fatwa lancée contre lui, quoique ?), mais malheureusement pour ses livres, Kamel Daoud me semble être tombé dans le piège de l’interview. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il parle trop. Et que sa parlotte dessert ses livres.
….Comme le bonhomme m’a intéressé, et comme je suis un obsessionnel, j’ai dû me mater une bonne dizaine d’heures de ses conférences et entretiens disponibles sur le web avant d’avoir son livre de chroniques entre les mains. Son exercice m’a vacciné sur deux points :
….1°- Ça doit être plus gonflant qu’une semoule noyée d’eau bouillante de répéter inlassablement les mêmes choses. Que Dieu – peu importe sa barque – me permette de vivre de ma prose tout en me préservant d’être une pute médiatique.
….2°- Une fois que tu as raconté l’univers et les réflexions de ton bouquin, quel intérêt de le lire ?

….Et le problème est là. Kamel Daoud est un homme qui s’exprime d’une façon tout à fait remarquable, claire, incisive. Je m’étais dit qu’un homme qui aime à ce point la littérature et la langue Française, avec une telle éloquence, devait avoir une force de frappe dans l’écriture à me faire passer pour un Mickey vulgaire.
….Ben… j’estime avoir encore un peu de marge… Même si bien entendu nous ne traitons pas des mêmes sujets. Quoiqu’en y réfléchissant…

….Tiens, internet est revenu. Je vais pouvoir réaliser mes projets…

 

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