Chronique Souterraine, Une de la semaine

#42 – Où crois-tu qu’je r’garde ?

« Le destin conduit celui qui acquiesce, et entraîne celui qui refuse. »
Sénèque

 

Sombres ont été mes rêves ces temps-ci comme dit le film.

Cinq heures de route par jour, dont une bonne partie de nuit, afin de gagner de quoi croûter en nettoyant des frigos de supermarchés, un jour pour récupérer, écrire et se balader puis enchaîner avec de la maçonnerie. Ça roule, ça me va, ça paie. C’est plaisant d’avoir de belles liasses de beaux billets en poche, surtout lorsqu’on y est peu habitué. J’aime aussi particulièrement regarder défiler les néons de la grande ville la nuit, ses tours immenses, ses clodos et ses putes qui se les gèlent, son béton et sa crasse, tandis que je roule tranquillement vers ma campagne, ses vieux, son isolement, mon poêle à bois et mon chien, les kilos de poil au sol, le prix des munitions qui ne cesse d’augmenter avec celui des œufs et ce pot au feu qui m’attend dans mon chaudron en fonte.

Je regarde tout cela et me dis « C’est ta vie mec. C’est ce que tu participes à créer. » Et un petit sourire se dessine au coin de mes lèvres tandis qu’un abruti me colle ses plein-phares dans le rétroviseur. J’incline le miroir, une sorte de fluidité nouvelle, une danse plus douce s’insinue lentement dans ma vie.

Ce qui a changé ? Moi. Ou plutôt, ma relation de moi vis-à-vis de moi. Ces dernières semaines ont été sujettes à une belle introspection, et c’est marrant ce truc, même si ça fout un peu le chaos dans la tronche. Mais je crois qu’au fond c’est le but. Le plus impressionnant étant de se rendre compte à quel point une énorme dose d’autodérision est indispensable pour éviter la tentation de se faire sauter le caisson car, pour un mec comme moi, persuadé d’avoir réponse à tout et de n’être responsable de rien, réaliser qu’il ne comprend que dalle à que dalle, n’obtiendra jamais la réponse « sûre » en quoi que ce soit, et accepter que TOUT ce qu’il voit et comprend du monde n’est qu’une interprétation de ces propres croyances, c’est pas évident à digérer dès le réveil. Donc je fais des trucs, regarde comment le monde réagis à cela, puis je refais d’autres trucs par la suite, plus ou moins conscients, plus ou moins dans la même lignée. Et la danse continue, avec parfois ses faux pas et ses relents de blues. Que ce soit agréable ou non, je m’entraîne à être d’accord avec ce que je vis, puisse que ce que je vis EST ce que je SUIS.

Je me suis fait couper les tifs, cette tronche de redneck de la cambrousse commençait à me peser, et l’accumulation des pellicules me grattant la tignasse y étaient pour quelque chose, en plus de l’esthétique. Je me transforme également en ce genre de mec qui se rase tous les jours, chose inédite. Ma consommation d’alcool, sans être nulle, n’a plus rien à voir. Pour les clopes en revanche, quand nous sommes seuls moi et moi, ou au travail, ce n’est pas encore ça. Bref, sans forcément en vouloir, y’a du changement.

Emilie – cette femme dont en aout j’étais le grand « My love, JE SUIS LÀ et je veux t’épouser et créer avec nous deux une troisième identité qui serait l’incarnation d’une famille, dépêchons-nous car j’ai une date de péremption Chéri. » pour en arriver il y a moins de dix semaines à claquer l’histoire par mail avec un discours se synthétisant par « tu n’es pas assez aimable et méritant pour que j’ai envie de CONSTRUIRE des certitudes de durabilité familiale avec toi, car je te rejette la faute pour mieux ignorer mes peurs, mes insécurités et ma date à venir d’infertilité. » (un truc du genre, entre ce que j’ai entendu, compris et deviné, le tout jamais débriefé sereinement, ce qui aurait été la moindre des choses il me semble) – circule encore de temps en temps dans ma tête et mes émotions.

Il m’est pourtant toujours aussi violent d’imaginer que des êtres semblant s’être à ce point aimés dépensent par la suite une si grande ferveur à s’ignorer tout au long d’une vie. Mais il existe une plus grande violence encore : celle que je me fais subir en étant attaché de façon douloureuse à une personne faisant partie de mon passé.

Ces pensées font et viennent, avec leurs émotions. Parfois je me dis « bon débarras » et parfois revient la brûlure de cette corde m’attachant à cette femme qui m’a fuit, comme le rocher de Sisyphe dévalant la pente, m’entraînant dans le néant impalpable et étouffant de ma condition de mortel.

Mais dans l’ensemble, c’est différent, plus doux, même si les précédentes phrases tendent à faire croire le contraire. Car si à ses côtés, lors de son intrusion dans ma vie, j’ai cru y voir s’illuminer un rêve, ce rêve n’était qu’un rêve, rien de plus, et tout cela est fini.

Il se peut aussi cependant que je me mente encore, nul n’étant à l’abris de son propre déni. Quoiqu’il en soit, il me semble qu’Émilie n’est plus ni ce grand amour merveilleux que je n’ai pas su préserver et dont j’ai assisté impuissant au naufrage, voire même l’ai accéléré en tentant de le sauver, ni cette grosse morue dégueulasse qui m’a pris pour un con à ne pas me trouver assez important, moi le soi-disant homme de sa vie, pour qu’elle me partage ses réflexions et donne à notre histoire la possibilité de vivre encore. Elle tend à chevaucher en moi entre les deux, prenant avec le temps une cadence plus posée. Je me sentais prêt à affronter tous les âges de ce monde avec elle. Je remarque surtout que c’est parce que je me sentais incapable de les affronter seul.

Il est clair que je n’étais pas ce garçon en haut de la colline, brillant d’avoir gagné la lutte lui permettant de regarder tous ces autres en dessous de moi après les avoir fait dégringoler et donc capable d’attirer l’œil émerveillé d’une femme admirant ma puissance. Mais il clair aussi qu’elle n’a pas utilisé son pouvoir immense de femme afin de vouloir hisser SON homme au sommet de cette colline en lui révélant sa puissance. S’en débarrasser afin d’en trouver un autre plus haut est un choix louable et primitivement naturel, mais est-il juste et approprié ? Pour se sentir mérité, il faut être méritant…

Deux choses m’ont permis de me détendre avec toutes ces idées, supputations et jugement. Je vais vous les partager parce que : UN j’en ai envie et : DEUX, sait-on jamais, ça va peut-être vous servir ? (Et puis, qu’est-ce que vivre sinon transmettre ?)

En tout cas, maintenant, je m’en sers en toute circonstance.

La première, facile à voir, a été de me dire qu’Émilie n’était en réalité par le sujet de mes pensées. Certes, elle en est l’image, mais pas le fond. Je m’en suis rendu compte parce que d’autres femmes ont eu cette image avant elle. Cela nous est tous arrivé : penser et avoir collé dans la tête le visage de l’être aimé, qu’il soit présent ou parti. Ce qui est intéressant donc, c’est le fond : qu’elles émotions y a-t-il derrière ce visage ? Lorsqu’elles sont agréables, par exemple lorsqu’on est en couple, il est plus facile de les percevoir : sentiment d’appartenance, de sécurité émotionnelle et sexuelle, de se sentir aimé (donc aimable) et important aux yeux d’un autre, de compter, etc. complétez à votre guise avec ce qui vous vient. Là alors je chemin devient intéressant, because l’autre n’est plus la cause, car ces émotions nous appartiennent, et il est donc de notre responsabilité de percevoir (ou pas) en quoi cette sorte de mélodie sentimentale n’est qu’une valse dansée entre nous et nous. Il peut être judicieux de l’observer en toute honnêteté lors de ces moments car, la vie resservant les plats, si nous ne prenons pas conscience des enjeux de ce qu’il se joue lors des moments doux, elle s’évertuera à nous le faire percevoir lors de moments plus durs. Pour moi, c’est ce qui s’est joué. Trop profondément endormis dans les moments de bonheurs, j’ai besoin de gifles pour me réveiller. Abandon, rejet, injustice, peurs diverses, réception de méchanceté gratuite et distance jugée inhumaine sont mes lots émotionnels vécus durant certaines ruptures, surtout celle ayant eu un fort impact émotionnel, celles dont j’étais amoureux. Là, ne pas pointer un doigt accusateur vers l’autre, afin de nous dégager toute responsabilité, ne semble pas chose si aisée.

C’est là qu’intervient mon second outil, complémentaire du premier : le retour à soi, à moi. Je prends TOUT, en responsable, non en coupable. Lorsque le couperet de la rupture annoncée est tombé, suivi de tout son spectacle, piégé dans ma roue de hamster je me suis raconté des choses comme « elle me juge sans savoir, elle m’a trahi, qu’elle salope ! Putain mais parlons de tout ça, écoutons nous ! Quel gâchis, ça me dégoute, etc », encore une fois, complétez à votre guise. Là, y’a juste à chialer, gueuler et souffrir, laisser passer ce son. Ensuite, retourner les choses à soi. J’ai commencé à me poser des questions, et voir moi aussi, à qu’elle point, lors de mes différentes relations passées, j’avais été méchant, sournois, injuste, partial, salaud, hâtif dans mes jugements. Ça n’a été facile de regarder ça, voir ce que j’avais fait de sale, parce que j’en ai fait du sale. Mais bon, c’est la vie. J’ai eu cependant l’occasion, il y a peu de temps, de m’excuser, de me pardonner, par le don d’avoir exprimé à une ancienne relation tout ce en quoi j’avais été médiocre, même odieusement connard au niveau de l’éthique. Elle m’a répondu simplement « je prends, merci ». Merci à elle. Se sentir bassement humain, sans s’en blâmer, cela soulage. Le piédestal s’effondre en même temps que le sentiment d’être une merde. Je suis un homme dans son parcours, rien de plus, rien de moi non plus. Et dans ce voyage, je ne recherche pas de nouveaux paysages mais à poser un nouveau regard. 

Enfin, là où j’en suis actuellement, je fini le boulot par des questionnements, toujours en rapport avec ce que je pense d’Émilie, comme : « Et toi Fabien, en quoi as-tu été salaud envers toi, injuste à te juger hâtivement ? En quoi t’es-tu trahi, rejeté, abandonné, dégoûté ? Où as-tu écouté tes peurs au lieu de les dépasser ? Où ne t’es-tu pas aimé ? En quoi ne te trouves-tu pas méritant d’être aimé ? De fonder une famille ? ». Cela change une donne et, une fois ce constat fait avec honnêteté, comment encore blâmer l’autre pour ce qu’il est et a fait ou non fait, au lieu de simplement se regarder et regarder que l’on en comprend et s’en servir pour se comprendre soi ? Ainsi, ce que l’autre croit penser de moi est égal, cela le regarde, libre à lui d’avoir la volonté de le percevoir ou non. La seule chose qui compte, c’est notre vision à nous sur nous et le monde. Moins agréable, car plus responsable.

Revenu à ce principe peu nouveau (les stoïciens y faisant déjà référence il y a 2000 ans), maintenant je sais qu’Émilie, là où elle est, va, et cela la regarde et ne m’a jamais regardé, même du temps où nous étions amants. Je ne peux que lui souhaiter ce que je me souhaite : un peu plus de douceur, de responsabilité, de compréhension, de courage, justice et vertu, le tout envers soi d’abord et envers les autres ensuite. Car lorsque tous les murs de la nuit semblent se rétrécir, lorsque même la lueur de la promesse d’une offrande est anéantie, que reste-t-il sinon l’amour propre ?

 

Cette histoire, comme les autres dans mon existence – comme ma vie elle-même – pour paraphraser Paul Valery, n’était qu’un passage, en aucun point une station. On ne choisit pas tout, et je me rends compte à quel point il est con de choisir des culs-de-sac.

Puisqu’on est dans la référence aux hobbits, je me suis rendu compte, en bon taureau que je suis, ne rechercher que la paix, la tranquillité et une terre bien cultivée. La festivité d’une vie simple. Tout mon désir, car tout ce qui me manque, et que pourtant j’ai sous les yeux.

 

Dans tous ces changements de perspectives, ma vie m’apparait comme une sorte de jeu, plus fluide désormais. J’y trouve une joie nouvelle, jamais ressentie auparavant : celle d’être aux commandes d’une vie dont je ne contrôle rien. Une concurrence de bousculades que j’apprends à faire miennes. Chaque préoccupation, chaque jugement que j’ai de l’extérieur, que ce soit un évènement politique ou une personne, étant dès que j’en prend conscience ramenée à moi, je me surprends souvent à rire à la découverture de telle « médiocrité » ou « qualité » faisant partie d’un moi ignoré jusqu’à lors et remontant à la surface de mon conscient.

Et ainsi dans ma vie s’est insinuée une nouvelle Pamela. Petite blonde avec un merveilleux sourire en croissant de lune et des yeux d’amande douce couplés à un petit cul fantastique ! Comme cette histoire commence à peine, c’n’est pas encore orchidoclaste (tu chercheras ce que ça veut dire. Moi-même j’ai appris ce mot y’a pas très longtemps, c’était là l’occasion de le caser histoire de l’assimiler). Pamela fait partie de ces femmes qui n’ont jamais été quittée, ou peu, ou il y a longtemps, ou elle s’en foutait. Cela participe à en faire une race particulière d’humain. Elle m’accueille chez elle, me fait à manger des tartes bizarres à base de crème sans lait, se marre d’en foirer la patte, n’a pas l’air de me demander grand-chose hormis le fait d’être sincère, est consciente de récupérer un mec encore un peu en miettes de son (ses ?) histoire(s) précédente(s), avec ses qualités et ses défauts ; tout cela a l’air de lui aller… pour l’instant… à moi aussi. On s’endort en s’enlaçant, on se quitte en s’embrassant… et on réactualise notre histoire à chaque fois.
« C’était cool, on continue encore un peu ?
– Ouais ! »
Va savoir si et quand cela va se finir par un mail ou un sms flinguant le truc… Bah ! Comme toujours finalement, que veux-tu faire, hormis hausser les épaules, sourire et te dire que même si c’était pour se la faire mettre à l’envers, ça valait le coup quand même.
Et puis ce message, c’est peut-être moi qui l’enverrai… ou pas. On s’en fout !
Sans être la femme de ma vie, elle est la femme dans ma vie et, mine de rien, elle résulte d’un changement : j’arrive presque sans gêne à m’abstenir de fumer avec elle. Mais il y a autre chose… Pour elle comme pour moi, on n’est pas encore vraiment certains de se plaire. C’est très étrange comme sensation. À priori, rien ne semble nous relier. Si j’utilisais une métaphore, il m’est arrivé souvent de rencontrer des femmes en miroir de moi. Si, admettons, que la couleur de mes vibrations soit le noir, j’ai rencontré beaucoup de femme vibrant le blanc. Étant l’entier opposé, il y a comme un terrain connu. Avec Pamela, c’est comme si j’étais bleu et elle orange, comme la couleur de ce jean qu’elle portait à notre premier rencard dans un bar où, lorsque le serveur m’a demandé ce que je voulais, je lui ai répondu « Tiens, un truc que je ne bois jamais, du thé ». Et c’était risible de voir à quel point nos corps dansaient ce soir-là, assis à cette table où nous avons fait connaissance, parlant des heures. Lorsqu’elle avançait, je me reculais, lorsque je m’avançais, elle reculait. Aucun repère habituel, aucun moyen de la saisir. Une insécurité totale et parfaite. Rien d’égal, tout en complément. Pour pousser le truc : elle est propriétaire d’un appartement en ville, sur les hauteurs, avec une vue plongeante dans la vallée, comme perchée. Elle est libre, mobile, sans enfant ni animal, bosse via ordinateur, dans le virtuel, avec sa tête et à vécu des relations longues, elle fuit l’hiver dans des pays chauds. En plus elle fait du sport et ne fume pas. Là où je suis locataire d’une maison à la campagne, au ras de la terre, collé à la matière, j’allais dire dans la fange, enchaîné à mes « responsabilités » de père et de maître-chien, pratiquant des boulots manuels, aimant la chaleur du poêle à bois tandis que dehors on se les gèle. Je fume, n’ai aucun loisir sportif, mon corps travaillant assez la journée.

Parfois elle me gonfle, parfois je la trouve sublime. Tout le temps elle m’en apprend sur moi. Et… chose nouvelle, je crois que je m’en tape totalement de ce qu’elle peut penser de moi. Ça la regarde. Complémentaires ET opposés. Aucun moyen à priori d’être d’accord, donc aucun moyen de chercher à l’être. Apprendre à ajouter la raison de l’autre au lieu de vouloir imposer la sienne. Exceptionnellement nouveau pour moi, et je trouve ça très cool. Un peu flippant, parce qu’il y a beaucoup de certitudes et de désirs qu’avec elle je ne pourrais assouvir (l’envie de fonder une famille par exemple), mais… au lieu de m’en servir comme prétexte pour flinguer l’histoire, j’ai envie de me laisser respirer avec ça, nous verrons bien… La femme parfaite, c’est celle qui nous dit « Oui », pas celle que l’on imagine cochant toutes les cases. De connaissance de cause, celle-là se finie en connasse.

 

Depuis ma rupture, outre mes amis pour leur soutien inébranlable face aux tumultes de mes émotions, ma reconnexion à la pensée stoïcienne a été d’une grande aide, Epithète en tête (hahaha !) avec son Manuel et ses Entretiens, Marc Aurèle dans ses Pensées, suivi de Sénèque, Plutarque, Cicéron, ou Diogène Laerce, tous ces hommes antiques m’ont rappelé à quel point nous faisons partie d’un Grand Tout, et comment se lamenter sur ce qui est hors de notre contrôle est chose vaine et discordante. Et dans le monde qui est le nôtre, ils sont d’une incroyable modernité. 

Alors que je me retrouvais de nouveau au bord d’un abîme, voyant s’éloigner la promesse d’un coup de foudre florissant avec le temps en une relation de couple paisible et la fondation d’une famille ; ces lectures m’ont apporté un apaisement et les changements radicaux qui se sont opérés dans ma vie en l’espace d’un mois ne cessent de m’étonner. Bien sûr, je ne ressemble pas un moine perché sur sa montagne en train de méditer, mais les coups de butoir émotionnels, dont j’ai laissé dans le passé les tempêtes envahir mon esprit durant des mois entiers, explosant ma vie, ne sont désormais que des orages brefs, que je laisse aller, conscient que derrière, un rayon de joie viendra à nouveau éclairer ce chemin sinueux et insoupçonné qu’est mon existence.

Mes angoisses, mes manques et tourments sont toujours là, mais la vie place devant moi des lectures, des pensées et des gens qui me permettent de les appréhender d’une façon différente. Peut-être cette fameuse possibilité du pas de côté…?

 

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