Poème

Vie de chien

ils ont appelé vers 15 heures
numéro inconnu
« Allô ? »
« Bonjour Monsieur, on est là »
Je suis sorti voir. Effectivement
ils étaient là, la fourgonnette blanche tatouée de stickers
en plein milieu de la rue.
« Vous voulez pas fermer le portail ? » qu’il me fait
« Vous voulez pas entrer avant que je ferme le portail ? » que je réponds
Encore des lumières…

Je suis sorti en chaussettes
leur ai serré la main
« Vous avez besoin que je signe des papiers ou autre ? »
« Non »

Alors je suis passé près d’elle
l’ai caressée sous les babines
comme ça
vite fait
et suis rentré dans ma cellule

et le bal a commencé…

des lumières je vous disais.

une fois le tour de la cour en courant
puis deux, puis trois…

pas brillants mais sportifs

Et puis je l’ai senti en moi lorsqu’ils l’ont choppée
et que je l’ai entendue hurler :
le frisson de la honte
« traître »
« je suis un traître
et un lâcheur »

qu’est-ce que j’ai fait de toi ?

la cour semble vide désormais
et, même si elle foutait le bordel
elle gardait la maison
sur le canapé éventré.

mais…
je ne pouvais pas l’assumer
la chienne réfugiée
du moins, c’est ce que j’essaie de me dire
devant ma bière et mon blues
et mon clavier

Maintenant, elle dans sa cage
moi dans ma porcherie.
On est tous les deux malheureux.

quelle vie de chien !

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