Il est midi
et je me lève à peine
Je travaille de nuit
à nettoyer des glaires de bactéries
dans les supermarchés
mais pour le moment
je me fais bouillir mon café
et m’allume une cigarette
(j’avais réussi à arrêter
un jour
il y a
un jour)
Après trois semaines de pluie
il fait assez beau et tiède
à cette heure.
Les mouches virevoltent autour du bac à vaisselle
Et j’ai une tonne de linge à plier
Le Petit vient manger à la maison ce week-end
ça fait six mois qu’il n’est pas venu
sa chambre ressemble à un dépotoir
contenant
une tonne de linge à plier
des cartons vides
la bouilloire de mon ex
et toute ma collection de livres
Un de mes amis à besoin que je lui amène un sac d’enduit
Un autre vient de s’acheter une carabine
Faut que je passe chez ma mère
et pense à appeler mon père.
J’avais écrit une chronique pleine de sagesse mais
ne nous leurrons pas,
cette pseudo démonstration de sagesse
n’était là que pour cacher
ma connerie.
Ensuite je me suis dit que j’allais écrire
une histoire en prenant tout ce que j’avais de méchant
et d’ignoble dedans
mais elle n’était là que pour se venger
de la femme à qui je fais porter tous mes maux
et je trouvais cela sale,
et je n’avais plus envie de cette saleté
car venant de moi
elle n’entachait que moi.
Il n’y a qu’à pleurer la rancœur d’avoir cru à un mensonge,
une garantie.
Un rêve de roi qui partit en éclats.
Ne reste qu’être
le monarque de mes réactions
Cela me manque tellement
de ne pouvoir prendre ma femme
dans mes bras
que je m’en suis déchiré le muscle de l’épaule !
Ainsi me voici incapable d’enlacer sans douleur
Ou
est-ce à force d’étirer le bras
à trop tenter de la retenir
elle si loin derrière son écran ?
Qu’importe au fond
Chaque problème devient une solution.
Et résultat
je ne sais quoi écrire pour cette chronique
qui puisse m’amuser
Dans le miroir,
j’observe avoir la tronche d’un de ces redneck
pénibles dans les films américains
Celui qui sent l’alcool, la consanguinité
et le foutage de merde.
Il faut que j’aille chez le coiffeur.
et me rase un peu…
Il y a ce poème à côté de mon fauteuil
où il est question de Van Gogh
de Jeanne d’Arc
d’une star de cinéma poignardée et
de bouchon de cire dans les oreilles
Midi sonne et je bois mon second café.
fume ma troisième cigarette.
Savoure d’avoir tant de questions en suspens
de haine
d’amour
de vide intérieur
Je ne suis qu’un mec normal
dans un automne normal.
Transi de peurs
de mauvaise foi
qui a parfois du mal à encaisser les choix
de son existence
Rien de neuf sous le soleil.
Je percerai le mystère de l’humanité
une autre fois
et mes bras
ne trouveront pas de femmes
pour guérir ma blessure
pas aujourd’hui
et
ma tête
ne trouvera pas de chronique à écrire
Mais
les mouches virevoltent toujours autour de la vaisselle
et une tonne de linge squatte
sur le lit de mon fils
ne demandant qu’à être
pliée
et
rangée.
autant commencer par là.