Poème

3 poèmes dans un automne émotionnel

J’ai écrit trois poèmes dans la soirée
et puis… je me suis demandé comment j’allais faire
pour piéger ce rat
qui squatte dans mon compteur électrique
et fait tout disjoncter ?
 
Et puis je me suis rappelé que Rimbaud avait vendu des armes
qu’Hugo était un queutard, Baudelaire un camé,  
et que Zola me fait piquer du nez.
 
Alors pourquoi pas un rat dans le compteur ?
 
Les 20 heures viennent de sonner.
Je ne crois pas que ma femme m’appellera ce soir
hier, l’échange s’est fini un peu froid
Toujours la même histoire : qui va gagner et qui va céder ?
Je crois qu’on se sert tous les deux de la distance
où là – du coût de l’essence – pour flinguer le truc.
Y’a des grains de sabler dans l’engrenage et
comme on est trop lâches chacun pour en parler
ou trop aveugle pour les voir
on prend des prétextes d’autre choses
 
Je crois que de toute façon, je n’ai pas envie qu’elle appelle
un peu de silence, c’est bien.
Demain faut
semer les radis, couper et fendre du bois, aspirer le ciment dans la bagnole
(une histoire de sac troué)
et aller faire un devis pour une terrasse de piscine et
une salle de bains.
Demain je ne
rangerai pas les papiers
ni ne plierai le linge
ni ramonerai le poêle
ni téléphonerai à ma sœur (quoique)
ni… plein d’autres trucs !
 
Est-ce que je l’appellerai ?
Est-ce que je m’apaiserai ?
 
Ma pisse recommence à puer
mes pensées à se noircir
(j’ai rêvé des pneus crevés et la dernière fois
de cannibales bouffant mon corps)
les résolutions à se barrer.
C’est l’automne, rien de dramatique.
 
Ça fait deux mois et demi que je n’ai pas vu le gosse.
Et…
            ça me fissure de rage autant que de peine.
 
C’est l’heure des croquettes pour la chienne
et d’un verre pour moi.
 
Le sac des croquettes s’est déchirer dans tous les sens !
N’importe quoi ! Fallut que j’y aille à la pince pour l’ouvrir
Nain porte quoi !
Mais bon nous voilà posés, moi et moi
et toi (qui que tu sois)
avec un verre
whisky sec, bon marché,
pas ouf mais pas l’horreur non plus.
juste faire gaffe à la gueule de bois demain,
surtout avec la tronçonneuse…
 
Je me demande pourquoi je trouve à ce point mon époque
MERDIQUE ? Sans doute qu’à une autre j’aurais trouvé
des merditudes aussi, un râleur est un râleur
et il se pourrait bien que j’en sois un.
Ça me va.
Et puis ces derniers temps j’étais plutôt en forme
malgré l’odeur de souffre de ma pisse.
J’avais ralenti la clope, j’ai trouvé du boulot,
ma mère m’a prêté son ventilateur et de l’argent pour acheter du bois et payer un loyer de retard.
J’ai acheté du bois avec. C’étais pas évident au départ, j’aurais pu me saouler avec et continuer la dégringolade. Ça ne me disait rien. Au contraire, j’étais plutôt en « bonne voie » comme disent les fascistes de la bonne santé. J’étais amoureux, fumais moins, buvais presque plus, étais presque content de trouver des 35 heures payés 11,52 euros de l’heure.
Et puis d’un coup tout s’est tassé, est devenu plus mou, brumeux, plus blues.
Un naturel qui charge au galop ? L’éternel retour Nietzschéen ?
Peu importe ! Autant pas se faire de bile avec ça. Que ça revienne ou pas, qui puis-je ?
Ma dent qui se déchausse en revanche, ça ça m’angoisse un peu. Tout comme l‘assurance qu’il va falloir payer en janvier, ces putains de rats dans la baraque, l’hiver qui vient, l’âge avec, l’absence de mon fils, de ma femme, la présence de mes manques.
Mais, j’ai goûté mes nouvelles pêches, la roquette pousse
et même si les tomates se font manger par les punaises
j’ai bon espoir d’en croquer encore quelques-unes.
 
La vie se déroule et ma vie
n’est que le résultat de ce que je ressens.
 
Il n’y a rien ni personne
à blâmer
ou à encenser.
 
Je peux être ce que je veux
et ce soir
ce que je veux
c’est être un mec qui écrit des trucs
et peut être que ces trucs seront lu
ou pas
et peut être que la personne qui les lira se dira
« Putain génial ! »
ou
« Quelle grosse merde ! »
et les deux
sont
bons.
 
Parfois,
je suis un mec aimable, drôle, courageux,
bon cuisinier, poète, bon au pieu, loyal,
tendre, cultivé, compréhensif, galant, charmant,
et parfois aussi, je suis lâche, assez salaud,
fourbe, minable, arrogant, pédant,
misogyne, rustre, sale, détestable, incertain.
Les deux sont moi,
ça me va.
 
Ma femme,
je t’aime
pas par désespoir, par peur ou par manque
simplement par envie.
Parce que je me dis que même si à des moments
tu me casses les couilles
et me fais chier
la majorité du temps
tu es celle avec qui je m’autorise à me montrer.
C’est peut-être pas un cadeau
Mais c’est celui que je te fais
À toi de prendre
ou pas
cela ne changera rien
pour moi

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