….Bon, on va essayer de ramasser ici quelques idées en vrac… Un mois sans avoir publié ne veut pas dire forcément un mois à rien foutre. En revanche, ça veut dire la moitié des lecteurs qui se barrent et aucun livre vendu… Et après on me cause d’engagement…
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….Étant un fan de Noir Déz depuis mes premiers poils au zizi (leur concert aux arènes d’Arles pour la tournée Des Visages Des Figures reste pour moi un des plus beaux souvenirs de concert de ma vie, et ce malgré une première partie catastrophique), je n’ai pas pu m’empêcher de suivre un peu ce qui se disait dans les médias sur le retour en scène de Bertrand Cantat en son propre nom. Bien entendu, ça vomit de la bien-pensance à tout va. « C’est une ordure ! » « Il faut l’interdire ! » « C’est le symbole de la violence faite aux femmes ! » « Il devrait se cacher ! » « Blabla ! »
….Lorsque j’entends ce genre de propos, j’ai toujours un peu de dégueulis qui me remonte de l’estomac pour tenter de voir la lumière du jour. Mais c’est sans doute parce qu’ayant moi-même eu affaire à la Justice, j’ai du mal avec l’idée de me placer systématiquement du côté de la victime. Et puis je n’étais pas dans cette chambre à Vilnius, je ne connais ni lui ni elle, ni les témoins, rien. En revanche j’ai un petit avis sur la chose que – si vous me le permettez – je vais tenter d’exposer ici.
….Devant la Loi (puisque les hommes sont trop cons pour être justes sans loi – mais c’est un autre débat), Cantat a payé sa dette. Que ces années de taule eussent été trop longues ou courtes, ce n’est pas mon problème. Aux yeux de la meuf à la balance – qui les a bandés, ces yeux – Cantat. Point.
….Deuxio, il sera toujours et pour toute sa vie, sa mort et jusqu’à ce que la terre explose (ce qui ne saurait tarder) catalogué comme le MEURTRIER DE MARIE TRINTIGNANT. Pas une personne qui ne le croise en ayant cette pensée à l’esprit.
….Trois zozios, vous l’avez écouté son dernier disque ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que sa plume sent le pâté. On est loin de l’époque Noir Désir au niveau des textes, et musicalement j’ose même pas en parler. Ma chanson préférée de ce disque (et l’une des rares potables à mon goût) étant Chuis con (tu m’étonnes !). Quant au morceau Amor Fati qui donne son titre à l’album, ça ressemble plus à du Fauve qu’à autre chose… Le plus marrant restant que je n’aurai jamais entendu parler de la sortie de ce disque, ni aurai eu la curiosité de l’écouter si les médias qui le condamnent ne faisaient pas son jeu en le médiatisant. Et je vais conclure par là.
….Bertrand Cantat est un artiste professionnel – que l’on aime ou pas –, ni un conducteur de travaux, ni un charcutier. Son boulot est de chanter, de se produire sur scène, et c’est en réalité tout le problème. Si la femme du boulanger avait été assassinée par son mari, qu’est-ce qu’on en aurait à foutre que celui-ci refasse du pain une fois sorti de taule ? On parlerait même de succès de réinsertion non ? L’important est donc le regard du citoyen sur cette affaire : celui qui boycotte le boulanger et celui va acheter son pain chez lui parce qu’il trouve qu’il est bon. Puis y’a les mecs qui s’en foutent – comme moi – parce que de toute façon ils ne sont pas fans du nouveau pain. Pour en revenir au Bébert, le plus juste serait de lui permettre de faire son métier, MAIS, à la rigueur, de le laisser se débrouiller sans médias, comme la grande majorité des artistes de cette planète. Après tout, y’a des sujets bien plus importants à traiter dans ce monde, comme l’histoire de l’héritage de Johnny par exemple.
….Cantat a payé et paye encore. Pour celles et ceux qui s’acharnent, chiens qui aboient, ayez le courage de le tuer vous-même au lieu de le laisser crever dans d’inaction. Coupez-lui les mains et les cordes vocales, ça s’est déjà vu au Chili. Donc foutez-lui la paix et arrêtez de parler de lui. Sans cette émission à la con, je n’aurais jamais su qu’il avait sorti un disque. À la place, médiatisez-moi !
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….Comme je déprimais, n’arrivais pas à écrire et en avais marre de me les toucher, je suis allé faire un tour sur Facebook avant-hier. Pourquoi ? Parce que la connerie humaine et la pensée courte y sont si bien représentées que je sors rarement de là sans avoir envie d’écrire quelque chose, ou me saouler, ou retourner à mon tripotage. Dans tous les cas j’y gagne et m’en retrouve grandi et pas si minable.
….Entre la nana qui se frite avec son mec en direct sur la page, la pensée positive du jour, la énième présentation d’article de Médiapart sur les migrants, la propagande divine de Macron, celle baroque de Mélenchon et les photos de poufs qui se prennent en selfie devant la glace pour montrer leur boule gonflé aux hormones et viennent ensuite hurler aux commentaires machistes (j’ai moi-même demandé une fois à l’une d’elles si mes boules à moi pouvaient venir faire du trampoline sur le sien), y’a toujours de quoi faire. Sans oublier la vidéo du gosse qui découvre que son jambon est un morceau de cadavre de cochon. Tout cela semblait prometteur, mais je n’avais pas encore trouvé la blague-buster tant désirée.
….Et puis, miracle !
….Une de mes tantes (le genre spiritualité et développement personnel) a posté un petit texte bien sympathique disant en gros qu’il y avait d’honnêtes travailleurs payés au lance-pierre alors que des fainéants touchaient des allocations à rien foutre… Des profiteurs du système quoi ! Le langage classique.
….Je lui ai répondu que je ne voyais pas très bien où était l’humanisme positiviste dans sa phrase.
….Elle m’a dit d’arrêté de fumer des joints, de bouger mon cul et qu’elle m’embrassait.
….(« Dansons la Macronnette ! Si t’es pas d’accord, c’est que t’es con ! »)
….Je lui ai répondu que je ne fumais pas de joints. Que dans une période de chômage de masse, personnellement, je préfère laisser se faire exploiter ceux qui en ont envie (j’y arrive parfaitement tout seul et pour de moindres revenus). Que n’importe qui ouvrant un petit livre d’économie verrait tout de suite que la part de l’évasion fiscale des gens les plus riches coûte beaucoup plus cher à l’État que les allocations des fainéants. Et pour finir, je lui ai suggéré qu’au lieu de s’occuper de mon cul, elle ferait mieux d’être solidaire des pauvres au lieu de sortir les arguments des riches, parce qu’avec ce genre de discours, ce n’est pas la peine de faire la révolution car, précisément, la révolution, c’est lorsque les classes moyennes s’allient aux classes populaires pour taper sur les riches. Là, elle faisait l’inverse. Puis que je l’embrassais également.
….Elle a ensuite supprimé sa publication Facebook.
….Ambiance la famille souterraine hein ?!
….Laissez-moi vous raconter un petit truc totalement vrai… mais où je vais essayer de la faire courte.
….Lorsque j’étais jeune père – Et pour des raisons de juge familial – il a fallu que je quitte mon mobil-home à la ferme pour trouver un appartement en ville. C’est là que j’ai commencé à faire de l’intérim. J’ai atterri dans une usine de saucissons. Toute la journée, de 6 heures à 15 heures, avec deux fois 15 minutes de pause entre les deux, je restais toute la journée enfermé dans un hangar sans fenêtre, dans la lumière blafarde et saccadée des néons, immobile devant une machine, à étiqueter des saucissons (pour les bonnes journées. Les moins bonnes, j’avais les mains palmées à trop tripoter des tripes glacées, sans causer de l’odeur). Chaque saucisson coutait en moyenne 4 euros. Je devais en voir passer 3000 par jour. J’étais payé au SMIC intérimaire (donc mieux payé), un truc comme 1287,54 euros par mois (la plus grande somme que j’ai jamais gagné de ma vie). Avec un peu des aides de la CAF pour loyer, je m’en sortais plus que putain de mal (et encore pire les mois de pneu crevé – ou volé par les gitans), mais je pouvais aller chercher mon fils à l’école un vendredi sur deux. J’ai fait ça pendant plus d’un an et demi. Le patron était ce genre de mec à traiter ses employés comme de la merde, à les payer au lance-pierre puis à leur gueuler dessus que cette année il n’avait pas pu changer de BMW. Mais comme tous les ans au moment de Noël il leur payait un tour de karting à Plan de Campagne, ça passait.
Je ne me rappelle plus exactement des chiffres mais, il me semble que normalement, si un intérimaire bosse 3 mois dans une entreprise, l’entreprise doit lui proposer un contrat. Tous les 2 mois et 4 semaines, j’entendais donc le chef d’atelier me dire « cette semaine on n’a pas besoin de toi, tu peux revenir la semaine prochaine ». Chaque 2 mois et 4 semaines je m’en sortais donc plus mal que d’habitude.
….Puis un jour, on m’a proposé un CDI. J’ai signé le CDI. Résultat des courses : ma paie est passée à 1050 euros (congés payés mis de côté) et ma CAF a baissé de 120 euros (changement de statut, valeur de la pension alimentaire). Résultat : sans payer les clopes, la bouffe, ou quelques fringues au Petit, je me trouvais déjà endetté. J’ai donc fait ce que tout bon père de famille aurait fait : j’ai démissionné, ai touché le chômage et me suis mis à bosser au black pour un pote maçon et une pote apicultrice. Je suis à peu près certain qu’on est des milliers dans ce cas. Voire plus…
….Quelques années plus tard j’ai décidé de m’exploiter moi-même pour pas un rond ou presque et je suis devenu votre écrivain préféré, mais c’est une autre histoire…
….C’est ce que l’on appelle en gauchisme une réalité sociale, alors vous comprendrez que le discours de la tantine…
….À vous de juger maintenant.
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….Petite blague pour obsédé fauché ou mec dans mon genre :
….Bite et Touffe se font une petite soirée en amoureux. D’abord quelques verres au bar, mojito pour Touffe et whisky sec pour Bite. Ensuite restau japonais. Touffe adore les restaus japonais alors que Bite se contenterait volontiers d’une bonne entrecôte grillée. Mais que voulez-vous, faut faire des concessions à Madame parfois. Enfin ils vont en boîte de nuit. Touffe danse et Bite bois en regardant Touffe danser. Bite aime regarder Touffe danser.
….Question pognon, Bite a payé les premiers verres du bar puis a laissé Touffe raquer le reste. Pas par machisme, ni féminisme d’ailleurs, mais tout simplement parce qu’en soirée, Bite est vite raide alors que Touffe a toujours un peu de liquide sur elle.
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….Fin du ramassage.