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Il est bientôt midi, je me suis réveillé avec la gueule de bois et je n’ai aucune, mais alors AUCUNE idée de quoi écrire dans la chronique que vous lirez demain. Aussi, pardonnez-moi d’avance de la tournure qu’elle risque de prendre.
Pour ce qui est de l’inspiration, vous avez un indicateur extrêmement fiable : lorsqu’un écrivain ne sait pas de quoi parler, il parle d’écriture. On verra bien…
Déjà quatre lignes de gagné ! C’est bien.
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Cette semaine, 15000 scientifiques ont signé pour signifier au monde que nous atteindrons bientôt le point de non-retour en ce qui concerne le climat, et que donc les films catastrophes de Roland Emmerich passeront bientôt pour de faibles copies de la réalité. Comme nous sommes en démocratie (hahaha !), nul doute que cet appel sera entendu par le monde (ses rois) et que donc Roland pourra encore nous en mettre plein la vue avec son art du gigantisme (aucun cinéaste ne lui arrivant à la cheville dans cette discipline). Comme cette nouvelle m’a déprimé et que j’ai déjà un curseur de désespoir déjà bien élevé, j’ai décidé de ne plus suivre les (dés ?)informations. Ça, c’est pour la bonne nouvelle de la semaine… Passons au reste.
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Tiens, parlons de L’Homme Gris.
Avez-vous déjà entendu parler de l’Homme Gris ? Je ne parle de l’homme saoul dans la chanson de Brel (Farpaitement à jeun). Non, l’homme gris est… disons un concept tactique.
En gros, c’est simple : un punk avec une crête rouge, un baggy troué, trois chiens et du hardcore techno dans les neurones en plus des différents stupéfiants, marchant tranquillement dans une rue, est facilement repérable (donc emmerdable) par les flics (flics = milice d’État, ni plus, ni moins). Un rebeu, ou basané ou un noir en gêne et râle, dans un pays de blancs, aussi. Un mec en claquette, bermudas fluo qui flash et chemise hawaiienne en dehors d’une île tropicale itou, même si les flics en sont jaloux because il symbolise le prototype du surfer qui baise toutes les bonnasses écervelées qui passent (combien de pourcentage de la pop féminine ? 70% ?).
En revanche, un mec en jeans, t-shirt noir sans slogan, de taille moyenne, lui, passera quasi inaperçu. Un homme gris. Comme le disait Ferré, rien dans les mains, rien dans les poches, tout dans la tronche.
Moi, je suis assez « Homme Gris », dans ma panoplie souterraine… tant que je ferme ma gueule, après c’est une autre histoire. Mais muet je m’en sors bien.
Pour la panoplie du bas : un jeans (sans trous et sans traces de freinage ou de décoloration), un des seuls symboles prolétaires à être assimilé par les bourgeois, donc passe partout, solide et rentable. Tu bosses à l’usine – à condition de ne pas te salir – et te voilà, en mettant une chemise et sans changer de froc, « bien mis » pour une Soirée Party flex in the move. Ensuite, une paire de Doc (marron) : solides, multi-usages ; (putain j’ai mis un point-virgule ! le premier de ma carrière je crois) le matin à la ferme, et te voilà le soir, après un coup de cirage, parmi la Haute à siphonner leur Champagne et lécher leurs bourgeoises. Ou l’inverse.
Pour le haut, t-shirt noir = Pas trop de marque d’auréole de sueur sous les bras.
Mais pourquoi cette panoplie l’Écrivain ?
Parce qu’il m’est arrivé dans ma vie de donner trop d’autorité à l’avis de l’Autre (j’appelais ça de l’amour). Du coup, quand l’Autre est parti, je ne savais plus comment m’habiller, vu que j’avais droit à chaque fois à un compte rendu de mon état psychologique suivant ma tenue. Alors, j’ai décidé d’avoir une dégaine simple de prolétaire libre. Car c’est ma race.
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La nuit de la fête du Beaujolais, je me suis retrouvé à m’envoyer en l’air sur la plage herbacée de Grand Anse. C’était cool et jeudi jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’un connard se tenait-là, à deux mètres de nous, à nous filmer les intimités en action. Vive le smartphone et les vocations de paparazzitage permanent qu’il a fait naître ! L’époque est folle et tordue, plus moyen de baiser sous la lune sans prendre le risque de te retrouver sur la toile.
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La dame chez qui je loge vient de m’apprendre qu’elle partira définitivement dans 6 mois. N’ayant pas les moyens d’assumer un loyer seul, je me retrouve face à un dense et pénible dilemme : prendre un meublé sur l’île ? Rentrer et prendre un meublé en Métropole campagnarde ? Point positif pour la Métropole : mon fils et…. la vie moins chère ? C’est tout. Je suis un homme de l’exil ET parmi les Hommes ET parmi sa terre. J’aime transpirer, glisser sur l’âme en peine d’un corps fertile semblant m’aimer, fille chaude des tropiques, sur fond de mur coagulé.
De plus, tous les contacts, tissés péniblement au fil des mois pour des raisons pro ou sympathisantes, ici sur l’île, pourquoi me faire chier à les alimenter si je repars dans six mois ? Mais mon fils dans tout ça, mes tripes ? La vie bouscule. Connasse de merde de balais à chiottes ! Ma décision est prise, mais elle me déchire. Et le compromis n’est pas de la partie.
Et puis… je suis un écrivain de la ville, du goudron, des chewing-gums collés aux godasses et des putes au cœur fauve, pas des forêts de chênes et de la chasse à la truffe. Sans compter que les bars ferment tous avant vingt heures dans la France périphérique.
6
Il y a des moments, des matins, où tout ce qui semblait avoir un sens la veille n’en trouve plus aucun au réveil. Et lors de ces moment-là, y’a comme un blocage au bout des doigts.
L’autre matin, je me suis réveillé en me sentant sale. J’avais passé la journée à bosser sur la mise en page de mon livre et, au moment d’enregistrer, le programme a planté. Huit heures de boulot foutues à la poubelle ! Je suis donc allé passer mes nerfs dans un bar. Whisky-bière, bonne combinaison pour se calmer. J’y ai fait quelques discussions, je me suis fait juger, j’ai jugé, et je me suis endormi aux côtés d’une nana d’au moins quinze ans et quinze kilos de plus que moi. Je me rappelle avoir bouffé sa grosse chatte poilue, pas plus. Donc aucune raison que je la rajoute à ma liste de conquêtes.
On m’a balancé ce soir-là – alors que je n’avais rien demandé – que je puais la colère. C’est sans doute vrai. Mais j’avais simplement posé une question (sans doute pas posable dans un bar) : « Ne trouvez-vous pas que les femmes sont dures ? » À ce moment j’avais déjà bu quelques verres et coup de bol, je suis tombé sur deux infirmières psy qui ont cru bon de me balancer leurs foutaises professionnelles foireuses avant de m’envoyer me faire foutre. Conclusion : Ces femmes-là étaient dures.
7
Peut-être que l’écrivain (ça y est, on y arrive), par la nature même de son boulot, est un mec incapable de s’intégrer ? Du moins une certaine race d’écrivains… Après tout son rôle est de mater, et de faire les poches aux passants en piquant leurs phrases et leurs gestes. L’écrivain n’est qu’un voleur de quotidien. Il ne comprend rien à son monde, c’est pour cela qu’il noircit des tonnes de papiers, dans l’espoir d’y voir plus clair, ou pour tenter de se rendre compte à quel point, PRÉ-CI-SÉ-MENT, il est à côté de la plaque. Mais je me dis qu’en vous partageant ça, c’est peut-être vos inquiétudes, à vous aussi, que vous entendrez ? Peut-être qu’on remarque un bon livre (ou une bonne phrase) à ça : l’impression d’avoir été entendu.
8
En vrai,
Tu sais,
je rêve de douceur et de légèreté, de lendemain sans crise ni douleur, doute ou tension. Une année cool. Aurais-je – juste une fois dans ma vie – à me dire : « Tiens, cette année s’est plutôt bien passée » ?
9
Il me semble que la fragilité est devenue une des choses les plus inadmissibles chez l’homme. Une femme trouvera toujours un bon boug pour la pouponner ou un mec violent pour finir de la dominer. Mais un homme fragile est foutu. La cause aux femmes dures ?
10
Je sais…
Mais… tu sais… (But you know well)
une fois une reine m’a dit « t’as trop de colère pour moi ». C’était y’a huit ans. Faut croire que guère de choses n’ont changées…
Une autre fois une pute m’a dit « tu es né en colère »,
va savoir entre ces frontières ?
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Mon amour a griffé ma flamme
12
Ma pisse sent le bacon
et je chie mou depuis deux mois
mais…
14 (paraît que le 13 porte la poisse)
Tu sais,
j’ai…
comme une envie de tout exploser soudain,
de tout perdre,
tout refaire dans une vision d’idéal.
Tu sais,
un jour j’ai aimé
l’amer
Moi, je n’étais qu’un de plus
Elle, était tout entière
l’espoir victorieux de mes luttes
Mais la trahison…
Grace à la magie d’internet
où sont passées mes racines
et mes rêves de famille ?
un seul mot me manque
Pourquoi ? Leone,
Pourquoi en douce ?
Étais-je si obtus ?
T’en souviens-tu ?
est-ce que ça a valu la peine ?
nous aimer sur ce banc de Toulouse
et rire de nos loose
dans nos poétiques fragilités ?
Seule, la perceuse en main
tu as décidé de notre destin
de la destinée de NOUS
j’avoue
j’ai du mal à m’y faire
j’ai du mal à me défaire
pas assez hypocrite ?
trop conscientisé ?
Trop colérique ?
Pas assez démocrate ?
Peu importe,
si tu vies heureuse avec ton chien
et libre des gloires de ton vagin
tu as la force de la Raison qui fait Loi
tu as l’Individualisme avec toi.
et moi…
catalogué comme fou
je sais ma Patrie : ni mouton, ni loup
Mais…
si l’Autre Monde existe
et que la Justice y est
sans Loi
prends garde à tes mémoires
et tes appels acharnés
devant les yeux brûlés
des mutilés égoïstes
que tu as laissés
las.
Ainsi, se termine la rançon de mon espoir
Ainsi commençait ta Nouvelle Vie
et lorsque je me rends compte de nos débuts…
Le doute. C’est ce qui s’acharne le plus à te mutiler.
Les connards eux, sont pleins de certitudes.
Mais le doute… Entre les hurlements de tes vertiges et ce qu’il faudrait faire pour tes aspirations. Entre ÇA et LÀ, tu es piégé. Et… si tu décides de t’en foutre, de vivre ta liberté, prépare-toi Frère, prépare-toi à le PAYER. Ne serait-ce que par le regard d’un fils que tu aimes, mais qui se sent oublié. Déchiré par la vie. Pas de con promis. Simplement une division. Que choisir ? L’Homme ? Le Père ? Dans ton histoire le père n’a pas eu le temps d’être homme. Mais le fils n’attendra pas l’homme, il veut son père.
Comme le disait Baudelaire. « Partir ? Rester ? Si tu veux rester, reste. Pars s’il le faut ». Seul le temps n’attend pas, et l’Enfant avec. Quelle Image fantasmais-tu être dans cette réalité ?
mais quoi choisir sur internet ?
le chat qui pète
ou le chat qui caresse un oiseau ?
mais dans l’ivresse, dans la détresse
tu dis des trucs qui sortent des stress
quand t’as le loyer à payer
quand t’as la bouffe dans un billet
quand tu vois cette belle qui t’attire
quand tu vois ses yeux qui te tirent
quand tes poches puent la poussière
quand t’as un boulot précaire
quand on te dit « t’as qu’à te bouger »
et que t’es déjà épuisé
la révolution c’est pour les cons
ou pour ceux qui ont encore une passion
moi j’suis pompé-vidé-blasé
je vis ma vie en connecté
tu me prends pour qui ? hein ? tu m’as pris pour qui ?
toujours dans le contre
du contre-courant
sans jamais, jamais être en dedans
il n’est qu’un hymne qui vaille le frisson
un hurlement : « de tout temps, mort aux cons
et si je me maintiens debout face aux tords
c’est qu’il est plus violent d’être mort
que de résister à leur façon de vivre
dans un pays soumis au lieu d’être libre »
mon monde
à moi
sur lequel je suis né
monde à moi fusillé, bombardé
mon monde mutilé
pour une couleur de peau
pour une spiritualité
une idéologie
je suis né de la terre
et la terre est à moi
comme elle est tienne aussi
mon frère humain pourquoi
tant de haine dans tes yeux et de cupidité
quand unis tous les deux on ne pourra que gagner
pourquoi nous diviser ?
pourquoi donc nous soumettre
et dénier que voter
n’est que choisir un maître ?
choisis ton destin
choisis ma patrie
elle s’appelle Liberté
ils l’insultent d’Utopie
elle est Fraternité.
et alors on s’en moque
on peut faire sans eux
ils ont besoin de nous
on peut être leurs dieux
sans pour autant les soumettre
ce qu’ils font à chaque fois
qu’ils nous remettent un chèque
signe de soumission je crois
Français tu es né
même dans la douleur
être libre, ta fierté
et de ton drapeau les couleurs
Dis-moi
qu’as-tu pris en compte
dans le fait que je te dompte
toi, pleine de vertiges
et moi, dans ma fragilité ?
je n’aime rien de plus
que ceux qui sont fracassés
mais qui ne souhaitent rien d’autre qu’aimer
ceux qui les ont nommés « déchus »
souviens-toi du premier mai
souviens-toi pourquoi
ils nous ont mutilés
pendus, assassinés
souviens-toi du premier mai
toi mon frère qui en ce jour est né.
toi, l’Autre, t’as eu tant de chansons
planquées dans ton prénom
ton sourire plein de perversité
à dire que les autres te baisaient
devant mon cœur en pâture
femme souillée
idole calcinée
comment te respecter ?
comment de cette leçon avancer ?
plus les temps sont durs
plus le tempo ralentit
Bref, il est mercredi minuit, je suis de nouveau bourré
quelle belle semaine ça a été !