Petite Réflexion...

Que veut dire être écrivain à cette époque ?

…..Avant de rentrer plus grassement dans le détail de cet article un peu particulier, sortant de la « ligne » choisie lorsque j’ai créé ce blog il y a environ quatre mois maintenant, je vais rendre hommage à un canard que je ne lis que lorsque ses journalistes se font flinguer (dans le but évident de pouvoir le vendre d’ici quelques années) et vous présenter les autres titres auxquels j’avais pensés pour cette chronique et donc auxquels vous avez échappé :

…..– Quel est le rôle de l’écrivain ?
…..– Ça sert à quoi d’écrire ?
…..– Écrire, un truc de bobo has been ?

…..Au passage, je tiens à remercier les 78 abonnés de ma page Facebook, même si je sais bien que la majorité ne me lit pas, ça fait tout de même plaisir. Ceci étant dit, voilà l’idée du truc :
…..Cette campagne présidentielle honteuse finissant sur le résultat que l’on connait, je me suis rendu compte qu’à mon corps défendant je m’étais assez ré-intéressé à la politique, aux différents mouvements, aux différentes émissions, conférences, entrevues disponibles, notamment sur internet. Bien sûr, comme je suis du genre intense, je n’y suis pas allé dans la demie molle et j’ai bien dû me taper une bonne cinquantaine d’heures de vidéos en tout genre. Résultat : J’ai envie d’en parler de la politique. Peuvent d’ailleurs en témoigner les dernières chroniques… Là où le bât blesse pour moi, c’est que je me suis rendu compte dans le même temps être incapable d’écrire une histoire « banale », disons une nouvelle, comme j’ai pu le faire avant sur mon ancien blog et comme il y en a plein mes cartons. Je mets ça sur le compte d’une « période » d’intoxication politique dont je suis le seul responsable (personne ne m’a poussé à aller chercher l’info) et qui va, je l’espère, se résorber d’elle-même…
…..MAIS, cela m’interroge aussi sur ce qu’est mon MÉTIER d’écrivain car, même si je ne touche aucune bille avec mes écrits et ne rentre donc pas dans la définition Marxiste du TRAVAIL (je ne crée pas de richesse), moi je considère que je bosse… Et donc s’ensuivent plusieurs questions :

…..– Un écrivain ne doit-il faire que dans le divertissement ? S’enfermer dans un genre (policier, fantastique, roman à l’eau de rose,…) avec une écriture simple et raconter une histoire dans le seul but de « vider la tête de ses lecteurs » ? Ce sont, faut le reconnaître, les écrivains de cette catégorie qui sont les plus connus, les mieux vendus, et les mieux payés donc. Musso, Werber, Levy, Chattam, mais aussi des types comme Jules Verne ou Tolkien et J.R.R Martin avec leurs grandes fresques.

…..– L’écrivain ne doit-il être qu’un pur styliste ? On va nommer – avec des pincettes – les éternels Proust, Céline, Anatole France, Mauriac, Malraux, mais aussi Djian dans une certaine mesure et d’Ormesson pour ce que j’en connais, c’est-à-dire pas grand-chose.
…..– L’écrivain doit-il être un polémiste ? Une sorte de penseur / philosophe engagé politiquement et plus ou moins raté ? Bien entendu je pense à Sartre, mais aussi à Céline avec ses pamphlets. Cette race-là d’écrivains n’existant que dans un certain milieu bien éloigné géographiquement de mon siège, je pense n’en acquérir que les ennuis et aucun des avantages (caviar, Champagne et groupies).
…..– L’écrivain doit-il être une sorte de chroniqueur du réel, un témoin de son temps ? Là, les exemples – mais pardonnez mon manque de culture, je n’ai pas fait d’études littéraires – me viennent davantage des Etats Unis avec des types comme Bukowski, Fante, Wolfe ou Salliger par exemple, chacun dans un contexte social différent.

…..C’est dans cette dernière, je crois, que j’aime à me placer…
…..Bien entendu, rien n’est figé entre ces parties et l’on peut bien sûr écrire des romans policiers avec style (San Antonio), faire des romans philosophiques (Le Petit Prince ou L’Alchimiste), ou des chroniques stylisée et polémiques (Voyage au bout de la Nuit, pour moi, en est le plus digne exemple, sur fond de roman initiatique), divertir et faire polémique sans style (Baise Moi de Despentes). Il y a aussi d’autres styles, ou genres, comme le naturalisme de Zola qui pourrait s’apparenter à du journalisme romancé, … mais tout de même, j’ai la sensation que la majorité de l’offre (puisque comme tout le reste c’est un marché) littéraire actuelle tient dans ses quelques axes.

…..L’idéal, peut-être, serait donc de faire des sortes de chroniques accessibles et stylisées qui vident la tête des lecteurs tout en la remplissant un peu… Car faut bien le dire, vu le nombre grandissant d’incultes en France (je me place dedans mais je me rattrape), y’a de quoi faire. D’où ces deux questions qui me viennent à l’esprit :
…..– Faut-il donner aux lecteurs ce qu’ils veulent ?
…..– Faut-il leur donner ce dont ils ont besoin ? À supposer que l’on sache de quoi les gens ont besoin et qu’on se sente investi d’une mission d’éducation. Ce qui peut être un piège assez dangereux je pense, mais aussi un engagement très noble.

…..Me voilà donc bien emmerdé… Car jusqu’à présent, par orgueil sûrement, je m’étais fixé une ligne de conduire qui pourrait se résumer par « qui va en parler si moi j’en parle pas ? ». Dans mon cas, toutes les bassesses, médiocrités et hypocrisie que nous offre la race humaine, surtout si elle se croit du côté « du bien », me semblait un sujet assez inépuisable. Mais j’ai peur de m’enfermer dans cette tâche si j’y vais trop frontalement et mon intoxication politique de ces derniers temps mérite d’être méditée…

…..Le problème aussi se pose que plus personne ne lit, et donc que les éditeurs rechignent à éditer ce que je nommerais une littérature déviante, marginale, underground, risquée… Alors, dans ce cas-là, dois-je m’auto éditer ? Après tout, j’ai deux romans et l’équivalent d’un recueil voire deux de poésies et nouvelles dans mes tiroirs ? Un écrivain auto édité est-il valable ? Autant de questions méritant réflexion non ?

…..Quant à vous, chère lectrices et lecteurs, une fois n’est pas coutume, je vais vous demander votre avis sur ces sujets et notamment celui concernant le titre de l’article. Si la démocratie participative peut s’avérer être un vrai bordel sur un blog, votre avis sur ce que vous pensez être la place d’un écrivain à l’heure du numérique et du non savoir m’intéresse beaucoup. Et si éventuellement, vous avez des questions à me poser ou des propositions de sujets, faites-vous plaisir. Enfin, bref, c’est le moment « grosse tambouille, on prend tous les ingrédients et après on voit ce qui est bon ». N’hésitez pas à partager et faire tourner sur les réseaux si vous le souhaitez… C’est surtout vous qui ferez que je serai lu, alors si vous aimez…

…..Merci à vous et à plus.
…..Bye.

 

 

5 thoughts on “Que veut dire être écrivain à cette époque ?”

  1. Melsa

    Le talent seul ne suffit pas pour faire un écrivain. Derrière un livre, il doit y avoir un homme. » Ralph Waldo Emerson
    Un écrivain est un homme qui a de la chance ; le talent, c’est une chance. » Jacques Chardonne
    Le jour où écrire donnera un sens à votre vie, vous serez écrivain. » Joël Dicker
    La littérature se souvient de ce que nous avons oublié : écrire c'est lire en soi. L'écriture ranime le souvenir, on peut écrire comme l'on exhume un cadavre. Tout écrivain est un « ghostbuster » : un chasseur de fantômes. » Frédéric Beigbeder

    A l'heure du numérique un écrivain veut dire "homme zoreil avec une nouvelle coupe et de beaux yeux bleus qui écrit de centaine de belles phrases et qui au finale nous sort un ou deux livres imprimés avec ces pensées, son vécu, son imagination, des mots qui peuvent nous faire rêver, des images qui font peur pleurer et même faire battre le coeur à cent à l'heure, qui arrive à nous faire réfléchir sur nous même, sur ce que l'on pense tout bas et que lui dit tout haut, qui arrive a nous faire lire ce livre". Les gens aiment la facilité "harry Potter" "50 nuances"… en plus il y a les films alors même plus besoin de se casser la tête pour inventer les personnages puisque tout est donné sur un plateau. Alors un écrivain, dans ce monde d'aujourd'hui, même si les maisons d'éditions ne facilitent pas la tâche, doit se battre pour ce métier qu'il aime "Ecrivain". Parce que ce don n'est pas donné à tout le monde, comme par exemple de voir la vie tel qu'elle est vraiment de savoir la décrire mot pour mot et de vouloir partager avec les lecteurs les faire comprendre. Comme ecrire des poèmes à faire chavirer les coeurs à donner des frissons et des larmes en se disant "mais pourquoi on me dit pas tout ça à moi??". Le rêve. Dans un monde à la con. Il faut du rêve. Il faut vivre avec son temps bien sur suivre le mouvement sans pour autant oublier pourquoi on le fait. C'est si dur aujourd'hui. Et où se trouve la place de l'écrivain à notre époque?
    Ok. Pourquoi pas "où se trouve la place de l'homme à notre époque? Entre sa tv son téléphone sa tablette ces consoles… 3 petites choses deja qui prennent énormément de temps dans la vie des hommes. Tellement qu'ils mettent une grande distance entre eux puisqu'ils ne se parlent plus comme avant. On ne prend plus ce temps. Non. On se "sms" on se "Skype" on look "fB" pour avoir des nouvelles. On ne le demande plus non. On regarde.
    Alors est ce que l'ecrivain a perdu sa place d'avant à aujourd'hui ? Jme dis que non. Il est toujours en train d'écrire. Comme il l'a toujours fait. Avec son stylo sa machine a ecrire ou son ordinateur. (Ça a évolué aussi d ce côté là comme pr tout) En essayant de suivre le mouvement (fb blog…) Est ce qu'il doit changer son style? Bof. S'il écrit pour les autres et qu'il arrive à être satisfait d son travail ok. Si c'est juste pour faire plaisir aux autres bein où se trouve le vrai plaisir pour lui? Il y a toute sorte de lecteur alors il aura ces lecteurs. On ne peut pas plaire à tout le monde tant pis mais au moins on adore ce que l'on a donné de soi, ce que l'on a écrit. Faut pas se sacrifier. L'ecrivain à l'heure d'aujourd'hui le fait assez. (Comme d'autres métiers bien sûr)
    Après peut être que l'ecrivain doit se trouver… quelque chose le fait douter? Écrivez et essayez de vous faire éditer. Essayer jusqu'à l'être car vous le méritez. Le but étant de mettre votre travail en vente, qu'il soit dans les mains de ceux qui aiment votre style. Les autres? On verra après. Et pis… Mac va nous sauver. Ça va le faire 😉

  2. Nour Venie

    Sujet qui concerne de façon plus générale les artistes.
    Réponses en vrac, au fil de ton propos.
    « vider la tête » ? : idée de « faire ». Je me sens artiste, je le suis, je n’ai rien à faire, juste être et témoigner ce que je ressens. Aucune intention dans mon ressenti, aucun contrôle. Il ne peut donc y en avoir dans ma production, hormis dans le style.
    « Styliste » ? : Ça c’est le problème du second mandat. Lorsqu’après x tentatives, tu as finalement été reconnu, tu te sens contraint de « faire » de l’EC pour être à nouveau connu etc éternellement… ? Combien ce sont perdus dans cette voie ?
    « Le penseur » ? : qlqsoit le siège, penser ne ramène plus les troupes. Au contraire, les rock stars aujourd’hui sont les gourous du zen. La politique en queue de peloton. La politique à discuter ne fait plus recette, oui. Je crois que la politique qui vient, la chose publique, sera vécue réelle, concrète dans des groupes humains qui auront envie de l’expérimenter ensemble : échec, apprentissage, capitalisation, échec… Par les villes, les villages par Ex. Je ne crois pas à une renaissance du goût de la politique par le système que nous connaissons. Je la vois participative dans les actes et pas seulement et vainement dans les idées.
    « Chroniquer » ?: oui. En tant que témoin surtout pas neutre, par le filtre de son siège, de sa volonté de faire, de son style et sans être en mesure de donner de leçon tellement le propos est partial et humain du coup. Attention au réel combustible, celui des media ou le réel ressenti. Seul le second est réel.
    « donner aux lecteurs… » : pourquoi veux-tu vendre ton âme ?
    Il manque une option : celle de ce que tu veux toi. Ce à quoi tu vibres, ce qui a du sens pour toi.
    « Valabilité » : lis que qu’on a pu dire des impressionnistes : troublant. Valablité donnée par qui, en vertu de quoi.
    L’auto édition n’est pas opposée à l’édition classique. D’une part. D’autre part, il y a aujourd’hui flopée de soient-disant éditeurs à éviter surtout. Entre les deux, des éditeurs comptant leurs sous autant que leurs émotions pour minimiser le risque pris de lancer une production et un artiste. Il reste aussi les grands mécènes, ceux qui font de la défisc’… Les éditeurs grands ou petits cherchent un placement sécurisé. Ils ne veulent pas se tromper sur le partenaire dans lequel ils investissent : l’artiste. Peu prennent de nouveaux auteurs, leur cheptel ayant atteint le Corum bancaire. Des chantages existent menés par certains professionnels d’art avec les artistes. L’auto édition permet aux éditeurs d’observer leurs futures recrues. Et aux auteurs, de grandir dans ce milieu-là : avoir l’expérience de réagir calmement et faussement aux commentaires débiles et complètement projetés des lecteurs, de se présenter à peu près. Imagine ta première TV, t’auras pas ton agent littéraire dans l’oreillette. De devenir un professionnel : développer son réseau, trouver l’équilibre entre se faire connaître et se vendre, trouver des ressources pour la relecture, pour la couverture, pour la critique neutre et constructive. Oui, ce n’est pas juste. Ceux qui connaissent l’histoire de l’Art pourraient donner milliers d’exemples d’artistes qui ont plus que ramé, tout fait tous seuls, ou entre eux. Les Impressionnistes pour ne citer qu’eux, n’ont pas eu de valabilité de leur vivant au contraire. Et oui, ça ne fait pas bouffer.

  3. Nour Venie

    la suite…

    Et on en vient au fond : La fonction de l’artiste et vivre quand même.
    Je crois l’artiste rosier de la ligne de vigne. Plus sensible, il est la sentinelle qui sent les mouvements de la terre et du ciel le premier.
    Aucun artiste à court et moyen terme ne vit de son art. Seuls 40 auteurs en France vivent de leurs textes ; l’histoire de disant pas au bout de combien d’années le chèque arrive. Ecrire est-il un travail ? Oui. Le nombre d’heures à écrire, supprimer, recommencer, lire, relire, douter, rager, pleurer étant monumental par rapport aux secondes de grâce où la main joue seule. Seuls ceux qui ont un jour créé qlqch évidement comprendront. Les autres, la nasse, pensent, savent, que l’artiste est un narcisse qui se mire à longueur de nuit dans sa production. Donc un travail oui, mais qui ne paie pas. Je crois.
    Je citerais CG Jung :
    « L’artiste est l’interprète des secrets de l’âme de son temps, sans le vouloir, comme tout vrai prophète, parfois inconsciemment à la manière d’un somnambule. Il s’imagine parler du fond de lui-même, mais c’est l’esprit du temps qui parle par sa bouche et ce qu’il dit existe puisque cela agit. »
    « Quand on marche en avant des autres, on est toujours exposé à recevoir des coups, sinon du maître du moins du destin ; le plus souvent, des deux. »
    Concernant ton gout pour la politique, les Impressionnistes, encore eux pour exister (résister) ont utilisé 3 voies :
    Le messianisme, l’évasion (l’exotique, l’excès), et la politique. Et je le redis tu es une sentinelle de ton époque.
    Octave Mirbeau 1895 : « tout changera en même temps, la littérature, l’art, l’éducation, tout, après le chambardement général que j’attends cette année, l’année prochaine, dans cinq ans, mais qui viendra, j’en suis sûr. »

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