J’ai dans le cœur une note bleue
Bien planquée derrière ma grande gueule
mes gants de boxe, et mes bras de travailleur manuel

Personne ne la voit
C’est trop risqué
J’ai trop peur que les autres
viennent la violenter

J’ai dans le cœur une note bleue
Elle frappe à grands coups de pompes
dans mon diaphragme et cherche la fissure
vers laquelle s’échapper

Elle commence souvent en vibrant
puis me chante dès la nuit
les cris que je ne sors pas
les pleurs que je garde
les blessures cachées

J’ai dans le cœur une note bleue
qui accompagnée d’une fumée de cigarette
et de whisky bon marché
lorsque je suis seul
que le chien dort
que les femmes sont loin
que le banquier est rentré chez lui
que le travail ne m’appelle pas
que la nuit est pleine
et que tout déborde
Alors elle me raconte
le chien qui dort
les femmes parties
les dettes et les bagarres
le chômage et l’absence d’espoir

Cela n’a rien d’héroïque
ce n’est pas minable non plus
Simplement,
Magnifiquement
Humain

J’ai dans le cœur une note bleue
souvent mineure et très bavarde
sans trop de vocabulaire
Et je lui dis :
« Tu veux me flinguer ?
À frapper comme ça dans moi
un jour j’vais éclater ! »

Et la note bleue sourit
un rire de tesson brisé
elle s’en sert pour frotter ses cordes
et tout en moi est désarmé