Salut,
Cela fait presque un mois que l’on traîne ensemble toi et moi et ce soir, en regardant danser la fumée bleue de ma cigarette dans la lumière de la lampe, j’ai enfin trouvé le courage de venir te parler.
Je sais, j’ai mis du temps. J’ai valsé durant ces quelques semaines avec le dénie et la haine et, me rendant compte ô combien cela rend sale, je suis venu te chercher, toi, recroquevillé dans un coin, les larmes pendues à mes cils, avec le cœur brûlant dans ma poitrine. Alors permet moi de m’asseoir à tes côtés, de te prendre dans mes bras, et t’avouer cette simple chose : « je te reconnais, et ne t’éloignerai plus jamais de moi. »
Je ne te parlerai pas d’elle, cela doit rester entre nous. Tu es arrivé à la fin, comme un immense coup de masse me défonçant le plexus. Je ne l’ai pas supporté. J’ai tenté de te garder loin avec de l’alcool, d’abord, bien sûr. Mais il fallait bien voir comment dès le matin et tout au long de la journée tu revenais me voir, sous forme de pensées d’Elle, les moments de rire et de tendresse passés, les promesses qui ne seront jamais tenues. Ça m’a fait tellement mal de le voir que je t’en ai claqué la porte au nez. J’ai préféré la salir, laissé aller ces méchancetés dans ma tête, me dire qu’elle n’était qu’une putain, une manipulatrice, une connasse, une enfant gâtée, que sais-je encore ? Je pensais que cela atténuerait ma souffrance, ou du moins, me donnerait de bonnes raisons pour l’oublier, passer à autre chose, me dire qu’elle n’en valait pas le coup. Tout cela est faux, tout cela n’est que faiblesse et dureté.
Ce soir, je souhaite être un peu doux, et un peu plus fort. Et ne plus rien renier. Et même si je dois te porter seul mon chagrin, et ce durant des années, des siècles, que tu reviennes fréquemment sous la forme d’un mot, d’une chanson, d’un visage me rappelant le sien, je suis prêt, je laisse tomber mon bouclier.
Tu es venu t’installé là où mes espoirs fracassés ont t’ont laissé la place. Et je te demande pardonne de n’avoir pas su accepter avant que ce soit toi qui m’accompagnes. Tu es là parce que j’ai aimé. Viscéralement, passionnément, du plus profond de mes cellules est venu vibrer un amour incommensurable. Et si j’en ai accepté la lumière, je dois en accepter aussi la brûlure. Et qu’importe finalement les questions que je me pose, elles n’ont pas à obtenir de réponses. Comment une raison pourrait-elle répondre à un état d’être ?
Je prends conscience maintenant que tu m’accompagne, dans une sorte de transformation. Si la tentation de m’enfermer dans une armure de certitudes, d’aigreur et de renoncement à été forte, j’ai connu cela par le passé, et ne veut plus y retourner. Je sais que ce sont les peurs qui manipulent ce sujet. Et, même si j’ai peur, je me contenterai durant un temps de me tenir à ton bras, de les regarder en face, elles et le monde, et j’annoncerai bien volontiers que « Oui, je suis blessé, et alors ? »
Je n’en ferai pas non plus des caisses à m’en répandre, je n’ai pas envie de susciter pitié ou admiration pour « m’en sortir ». Je n’en sortirai pas, ELLE est partie, la blessure est là. Je vais seulement vieillir et, en vieillissant, la blessure cicatrisera, à son rythme, tout en laissant sa trace. J’ai porté un amour sur un piédestal, les fondations étaient fragiles, il s’est écroulé. Et après ?
Après, tu es là, pour me rappeler à quel point j’ai aimé. Et peu importent les coups bas, les colères, la révolte, les sms vicelards, j’ai aimé, et cet amour-là, le temps qu’il a duré, m’a rempli de fierté, et je souhaite le garder en étendard… jusqu’à ce qu’il soit détrôné, un jour… peut-être…
Quant à toi tu es là, et, puisque tu es là, marchons ensemble. Rêvons, jouons de la guitare, écrivons des textes, allons brancher le réveil à 5h00 du matin pour divers boulots. Préparons le repas du soir, rasons-nous le matin, aimons notre chienne, nos amis, nos parents. Traversons ensemble ce moment si savoureux dans une vie, sans se traîner dans la boue des ressentiments et des bonnes raisons. Savourons simplement le fait de se sentir fragile dans un monde qui méprise la fragilité. Savourons le doute, les moments de joie, puis les pleurs, puis re-les-joies puis re-les-pleurs. Savourons notre putain d’humanité, nous l’avons bien mérité !