J’ai vu ma puissance à me rendre impuissant. Et j’en avais assez. Alors j’ai essayé de provoquer l’inverse. Vraiment. Ça n’a pas bien marché, et ce jeu de la conscience ne m’amusais plus. Alors, j’ai manifester de rentrer à la maison, et là… ça a marché ! Comme quoi !
Il tirait la gueule le docteur devant les radios. « Vous êtes jeune pour avoir ça. Faut commencer le traitement. » J’ai haussé les épaules. Pourquoi faire ? Pour une fois que mes manifestations sont alignées à mes désirs conscients, je vais pas renier. C’était à la fin janvier. Quand tu connais l’histoire, y’a de quoi se taper le cul par terre. Les synchronicités… Quand serre la réalité.
Depuis presque deux ans c’est comme si je me faisais violer la gueule en permanence par l’Univers, à voir tout partir en lambeaux autour de moi, avec ces visions, ces sensations de fusions, ces montées d’énergies (ou tu apprends que des putains de perchés du Yoga appellent ça la kundalini) qui te rabotent la colonne vertébrale et te donnent l’impression d’être bourré en permanence, des obcessions à n’en plus finir, des images cauchemardesque, cette Autre en toi en permanence, et personne à qui en parler, ou, quand j’en parlais, on me disait que c’était des conneries, ou on me prenait pour un « chercheur spirituel ».
Je cherchais pas l’Absolu, je cherchais des réponses à ce qui m’arrivait. Le monde s’ouvrait en deux sous mes pieds, et j’entendais qu’on me disait que je faisais du drame… qu’en fait « on s’en fout, y’a personne », et toi, tu te sens comme le dernier des connards à pas piger le truc tandis que ton subconscient se fait déchiqueter.
Et ça dure depuis plus d’un an et demi ce marécage, dès que tu poses les yeux quelque part tu vois des heures miroirs, des chiffres triple ou symétriques, le même prénom partout, même dans la rue où je vais chercher ma moto, des signes sur les plaques d’immatriculations… comme une validation de « Oui, Oui, tu as raison », alors que le monde extérieur m’invalidait en permanence « tu t’en inventes des trucs ! tout ça c’est des conneries ». L’enfer ! A te retrouver seul avec toi-même, isolé de tout, bloqué dans tes communications, avec ce bordel en gueulante permanente dans ton esprit, sans parler des douleurs dans le corps ! L’éveil… tu parles d’une récompense ! C’est le pire truc qu’il puisse t’arriver dans ta vie quand tout ce qui t’intéressais jusqu’alors c’était la philosophie, Fabrice Lucchini et Kaamelott, les chansons des années 90, le potager, manger des côtes de bœuf au feu de bois, vivre un bel amour intense en bossant de temps en temps. Et puis tout ça se pète la gueule. Et tu ne peux plus RIEN faire ! RIEN. Hormis fumer, être assis dans ton fauteuil, et te sentir tailler en pièce par ta putain de réalité. Ton plus grand amour, collé à tes tripes comme aucune autre se régale à prendre à pleine bouche la queue d’autres mecs, te pourri la gueule et te raccroche au pif, ne souhaitant même pas te dire adieu correctement en face tellement elle peut plus te sentir, t’arrives pas à décoller du taudis de ton bled de boomers à la con, ton fils devient un fantôme, tu fumes deux paquets de clopes par jours, ne mange plus, perds dix kilos alors que déjà tu pesais déjà pas lourd, le sport exit, t’as pris des cheveux blancs, récolte suffisamment de tunes pour survivre mais pas assez pour vivre, t’oscilles toute la journée entre détresse immense, rage et l’extase la plus intense et la plus absolue, tous les yeux te semblent morts, vides, sans âme.
T’y crois même plus à l’âme, tu crois même plus à des trucs sur lesquels t’étais certain la veille. Et… au milieu de tout cela, les murs qui bougent en temps réel (en fait y’a pas que les murs, y’a tout), la maison qui disjoncte dès que tu prononces une phrase à voix haute, une abstinence sexuelle et de tendresse corporelle comme tu n’as jamais vécu dans ta vie. De toute façon, des femmes, hormis celle que tu identifies comme « ta flamme jumelle », t’en veux plus, t’en a rien à foutre, aucune hormis UNE n’a le relief suffisant pour te plaire plus qu’un peu. Et celle-là pense que tu lui cours après simplement parce qu’elle ne te veut pas ! La putain de mauvaise blague cosmique ! Tes rêves et tes aspirations les plus belles et pures se sont pris une éjac’ faciale et tapinent sur les trottoirs souillés d’un Eden en feu. T’as même poussé ta réalité de détestation jusqu’à t’entendre dire que recevoir ta semence était sale !
Tu tombes ! T’arrêtes pas de tomber. Et il semble n’y avoir aucun putain de fond à ce trou ! Une introspection profonde, pas psychologique – ton cerveau il a déraillé depuis un moment – mais sensorielle. Au cœur de tous tes inavouables. Et, il n’y a aucun coupable, hormis toi. C’est la révélation la plus violente de ton pire cauchemar : TU ES SEUL, TU ES LE SEUL DIEU DE TA REALITE. TU AS TOUT FABRIQUE ! Et il n’y a personne à part toi pour te sortir de là. Sauf que… t’as aucune idée de comment faire ça tant tu es épuisé. Tu te retrouves à être Dieu détestant sa création.
Tu lèves les yeux au ciel, la nuit, et tu supplies que tout cela s’arrête ! et la réponse que t’as c’est : « pour qui tu te prends ? Tu crois que t’as le choix ? Tu vas tout perdre, c’est tout, et c’est comme ça ! » Tous tes masques, tes croyances, tes valeurs, tes notions, tes passions, tes rêves, tes espoirs, tout ! L’essorage total et complet de ce que tu croyais être. Et le seul rêve que tu avais, c’est toi-même qui te l’ai enlevé. Le deuil total, impermanent, sans pitié, sans issue, sans fin.
Croire vivre enfin dans un nouvel espace pour le voir mourir aussitôt, c’est pas tenable.
Et la seule question qui prédomine demeure : pourquoi je me suis offert cela, si ce n’était pas pour moi ? Comment désirer autre chose, apprécier la vie après ça ? L’argent, la voiture, la carrière, la santé, la maison, le succès, les loisirs, les pique-nique au bord de l’eau ou dans les bois, la moto, tout ça, ça va bien 5 minutes, c’est bien chouette, mais c’est bien fade aussi, seul, ou pas dans la compagnie souhaitée.
Alors, maintenant, je connais la manifestation, et ressentant mon échec à manifester cette fusion sacrée des corps et des âmes tant désirée depuis que je suis né, mon corps n’a plus envie d’expérimenter quoique ce soit. Autant le sacrifier, et lui foutre la paix, à lui, à Elle aussi. C’est ce que je me suis dit à la fin de l’année dernière, après un énième ghosting. Durant plusieurs semaines, la nuit, je me concentrais à vouloir partir d’ici. Je voyais ce que je produisais du rêve, et je n’en voulais plus, cette incarnation m’a usé l’âme. Autant retourner là où tout est fusionné. Et… manifestation réussie ! Et plus vite que je ne l’espérais ! Et le 21 mai, on a refait des radios avec le docteur, pour confirmer. Le crabe avait bien avancé. Je ne dépasserai pas les 42 ans, si je les atteint. Quand je pense que j’ai payé une formation pour accélérer le processus… je m’en servirait pour en adoucir les effets, par la révision, sur les miens.
Moi qui me rêvais vieux, dansant comme un enfant tout en plongeant dans les beaux yeux souriants de la femme m’ayant éveillé et qui m’a dit « Oui » lorsque je lui ai demander à genoux si elle voulait bien m’épouser, je vais m’en tenir ici pour cette vie. Je l’ai tenu ce rêve, longtemps, malgré ce que je voyait, ou ne voyait pas. Je crois qu’elle a raison au fond, le cadeau qu’elle est, mon subconscient n’en veux pas. Et maintenant c’est plié, qui voudrait d’un condamné ? Un vrai pestiféré héhé !
Ce matin-là, avant d’être radiographé, je lui ai envoyé un message, il y avait eu des orages chez Elle. Je m’inquiètais. Elle m’a dit que ça allait alors, tout est parfait. Si Elle va bien, tout va bien.
Même si j’avoue avoir un peu les boules, bizarrement, depuis, il y a comme un soulagement, quelque chose qui a bougé, lâché. Parfois certes, je pleure, et j’ai bien quelques élans de colère parfois, comme là à quelques endroits de ce texte. Mais ce n’est pas de partir, au contraire, je rentre à la maison bientôt, et c’est plutôt soulageant. Plus rien à projeter, guérir, anticiper, prévoir, plus rien sur quoi flipper pour d’éventuels problèmes à gérer. Plus de vomi à cracher, de cause à défendre, de guerre à gagner. Non, peut-être juste un simple regret : faire vivre à l’expérience de mon corps de se raidir sans pouvoir voir ces grands yeux marrons que j’ai tant aimé me sourire en vrai, et pas juste derrière un écran, pas juste avant de m’insulter et de se barrer. Mais ce n’est pas si important, ce sourire là, je l’ai dans mon Esprit, et ça me va. La vie n’est que cela, y’a rien de vrai, tout est pensée.
Aussi, depuis, j’essaie de persister pour rester en permanence dans ce rêve, mon rêve, et c’est bien assez, et… c’est ce que je vais m’autoriser à écrire désormais, cette belle histoire, toute en tendresse et félicité, sans drame, telle que je la voulais, tapée à la machine, à l’ancienne, comme le journal quotidien d’une vie rêvée, ce que j’avais commencé à faire, quelques semaine après avoir digéré la première annonce. C’est vrai que 40 ans pour mourir, c’est pas beaucoup, et je suis triste pour cette identité là, Fabien, ce mec sensible remplit d’une immense tendresse et de rêves qu’il n’avait que le désir de cultiver avec une femme qui aurait su l’aimer comme il l’aurait aimé, au delà du corps, au delà de tout. C’est comme ça, c’est ce qui se fait, c’est parfait. L’homme qui souhaitait être reconnu dans la vraie vie va disparaitre derrière un écran hahaha ! C’est génial en vrai.
Rétrospectivement, je me rend compte, même si il y a eu beaucoup de larmes et de drames, j’ai eu une belle vie, riche, divisée en plusieurs, remplie d’intensité. Et j’en ai fait le tour, quand je la regarde, c’est juste ce qui m’arrive, je ne vois pas comment ce qui suis pourrais mieux se passer, ni quoi apporter. J’essaierai simplement avant de tirer le rideau, d’être le plus d’élégant et sage possible, sans drama, pour une fois. J’écris ceci ici because, je crois qu’au fond, personne ne lis, et ce blog ne sera plus d’actualité à la fin de l’été. La page est tournée, l’Écrivain Souterrain n’a plus raison d’être, il va disparaître. Je n’ai plus rien à écrire qui puisse servir à qui que ce soit en fait, je m’en rend compte. C’était une fausse bonne idée de se lancer là dedans avec Chat GPT. Faut dire, j’étais encore dans le déni, sur l’Amour, et les radiographies. Finalement, je vais l’avoir ma EMI hahahahaha ! Après, c’est vrai, j’ai la passion de partager, et j’ai pas vraiment grand monde avec qui le faire au quotidien, hormis le clavier. Il parait qu’en human design je suis Ermite. Finalement, je ne saurais jamais ce que ça veut dire, et ce n’est plus important, mais c’est drôle, de se dire, , c’est ce que je suis, un ermite isolé. Comme si la destinée existait… Va savoir ? Et c’est là que j’ai peut être été con de lutter ? À quoi bon s’acharner à vouloir créer un clan d’amour si ta nature est d’être seul ?
Ma fierté, c’est que depuis quelques mois, avec mes amis, mes parents, ma famille, sans rien dire, quelque chose s’est adouci, réparé, recollé. Mon père me dis « Je t’aime », je suis plus lié avec ma soeur, j’ai revu mes frères… Même ma chienne ne me lâche plus, alors qu’elle était au summum de l’indépendance. Je crois que je ne compte pas leur dire, je ne veux pas qu’ils posent sur moi ce genre de regard, remplit de tristesse et de pitié. Le plus dur ça va être mon fils. Il va croire que je l’ai abandonné. Il s’en sortira, il est vaillant pour un gosse de 17 ans, bien plus que je ne l’étais à son âge, ou après, voir même maintenant. Je suis si fier de lui. Si tu le voyais ma Chérie, comme il est grand ! Je partirai sûrement avant d’être trop fatigué, avec la moto, faire une dernière virée et me trouver un coin quelque part, au bord de l’eau sûrement. On rêve de l’eau lorsqu’on est un signe de terre brûlé par le feu. Sacrée fumée que cette réalité hein ?
Ah oui ! J’ai rencontré ma nièce aussi, un joli bébé, mais ça, ce sera pour le prochain papier.