Journal Souterrain

8 avril 2025 – Le jour où le manque a allumé une lampe au lieu d’un feu.

C’était un mardi. J’avais passé toute la journée de la veille à terminer une nouvelle vidéo. Un poème que je m’étais imposé de lire, d’enregistrer et sur lequel je voulais faire un mini clip sympa, léché, dans la mesure de mes moyens techniques en matière de montage visuel – c’est-à-dire pas grand-chose -, avec petits bruits d’ambiance, de la musique, des images générées par intelligence artificielle qui auraient de la gueule. En gros : ce que semble faire n’importe quel Youtubeur les doigts dans le nez, je l’ai fait aussi, à ma façon, et ça m’a pris deux semaines. Deux semaines le cul posé sur une chaise, les trapèzes en feu. Mais le résultat était là, j’en étais content, me promettais de faire mieux la prochaine fois. Je me sentais satisfait. Tendu, mais satisfait. Cela faisait longtemps que je n’avais pas créé quelque chose, et l’avais montré au monde.

En fait, j’étais devenu une sorte de perché totalement désincarné. Cela faisait plus d’un an et demi que mon ancienne histoire d’amour ne quittait pas mes pensées, et plus d’un mois que j’étais au chômage. Je restais là, amorphe, le cul posé sur mon fauteuil, à fumer clope sur clope et à enchaîner les cafés. Pour la énième fois je m’étais promis d’arrêter. Et pour la énième fois je reprenais. Faut croire que les bonnes résolutions, c’est comme les champignons : ça revient toujours sans se conserver longtemps. Pour continuer d’ajouter un effet drama queen à cette scène :  j’étais surendetté, ma voiture et ma moto avaient un besoin urgent de révision, je n’avais plus de bois pour me chauffer, presque plus de PQ, seulement des lentilles, plus de café, plus de dentifrice, plus vraiment d’envie de « faire » des choses. Je crois que j’en étais arrivé à un stade de saturation assez intensif de ma vie. Au point de vue du monde : l’acteur Val Kilmer était mort et… en dehors de cela, tout était comme d’habitude : les tyrans chassaient les tyrans et les journalistes lâchaient le cul de l’un pour envoyer sa merde au visage de l’autre.

Et moi, au milieu de tout ça, je perdais à moitié la boule. J’étais tombé par hasard sur cette histoire New Age de « flammes jumelles », et ça m’avait flingué mon identité. Pour vous résumer la légende : Une même âme se trouve dans deux corps séparés. Lorsqu’ils se rencontrent, il y a comme une connexion, extrême, un coup de foudre, mais en plus intense. Ça dure un court moment puis, l’âme voyant dans l’autre le parfait miroir de ces dénis, les choses se gâtent. L’un fuit, l’autre lui court après. Et… ça peut aller très loin dans le malaise, les mauvais traitements et le ghosting. Le but : que chaque âme s’élève lors d’un « parcours » pour ensuite permettre la réunion. La réunion de deux âmes, un amour inconditionnel, prompt à pousser l’humanité dans l’éveil. Une belle histoire. Mais ce n’est qu’une histoire.

Et je me suis vautré dedans, bien comme il faut. Faut dire, j’en avais des « signes », tout le temps : son nom partout, nos initiales sur les plaques minéralogiques, et même… les heures miroirs. Alors ça, c’était le summum ! 13h13, 00h00, 07h07, 11h11, mais aussi en symétrique : 14h41, 05h50, etc… ou parfois des suites logiques : 12h34. Bref, j’étais parti loin, dans une vibration étrange, je me sentais serein, paisible. J’envoyais de l’amour à mon « autre » qui n’en avait (je pense) strictement rien à foutre, je ressentais cette vibration étrange, dans ma poitrine, comme un souffle d’expansion, une joie constante. Sauf que… sauf que… dans le monde extérieur, dans ma vie, c’était la merde !

Et un jour, j’ai pété les plombs ! Une haine, une révolte salvatrice immense envers moi, mes comportements, mes croyances. J’en étais à un stade où, honnêtement, j’en avais plus rien à foutre de grand-chose et où, hormis la perte d’un proche ou une maladie grave dégénérative, plus grand-chose ne me faisait peur. Et alors, je me suis posé une question : « Si cette journée était ta dernière, que ferais-tu, là, maintenant ? » Bien entendu, mon premier instinct, ça a été de me dire, en bon dépendant affectif : je voudrais faire la paix avec ELLE. Mais, en fait, la paix, on se la foutait déjà. La seule chose en guerre, c’était mes pensées. Alors, second choix : Je m’aimerais de la même intensité que je l’aime, et je me proposerais le fameux conseil que je dis à mon fils : fais ce que tu aimes.

Et donc, me revoilà, tel quel, et ce modeste écrit est le premier torchage pianoté depuis un bail. Je ne crois pas qu’il ait une grande prétention littéraire, d’ailleurs, il n’en a aucune et… je m’en tape ! C’est parfait ainsi. Sans être nihiliste, je vais simplement me proposer quelque chose : dire ce que j’ai envie de dire, écrire ce que j’ai envie d’écrire, et le proposer au monde, le plus sincèrement possible, et ensuite, se pourrait être la fin de ma dernière journée.

 

10h01, est-ce un « signe » des guides ? Dans ce cas : Merci les gars, mais je prends les choses en main maintenant, je vais m’autoriser à kiffer un peu !

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