Journal Souterrain

10 avril 2025 – Matin de brouillard.

J’ai passé les deux derniers jours en vrac. Tous les doutes, les incertitudes, les peurs. Tout est remonté version à la surface. Impossible de faire autre chose que de se laisser y plonger. Ça m’a séché, assis.

Alors, ce qu’on fait dans ces cas-là, tous, on va voir Maman. La mienne est parfaite, à sa façon. J’ai eu du mal à le voir. Maintenant, c’est vu. Comme elle s’exerce au métier de guérisseuse, elle m’a allongé sur une table. J’ai fermé les yeux, et… même si ma tronche carburait, ça allait mieux. Je me voyais écrire, créer, j’avais mille idées pour des prochains sujets de vidéos, de textes, de propositions à exprimer au monde. À un moment, ma mère ma posé sa main sur mon ventre et m’a dit être en contact avec mon enfant intérieur. Je ne sais pas si je crois à ces choses-là…

Elle – Il te dit qu’il est là, la joie n’est pas loin. Il te dit de te faire confiance.
Moi – Je ne sais pas comment faire ça.
Elle (après un silence) – Il se sent triste que tu ne le croies pas.

Rien qu’à écrire cela, les larmes montent. Y’a de la culpabilité. Y’a de l’amour aussi.

 

Et le soir, j’ai regardé Max, en vidéo Zoom. C’est un type bien Max, torturé aussi à sa façon bien que plus serein, sensible, et profondément gentil, comme moi.  J’ai pris la parole. Je ne savais pas trop quoi dire, mais j’avais besoin de dire, pas pour déverser, pas pour exposer mes poubelles aux autres, mais plutôt dans l’envie de donner quelque chose, comme la permission d’exprimer un son, celui d’une compression, d’un emprisonnement rauque. É. était là. Une première depuis novembre, notre dernière conversation, laissée en suspens par un silence interminable. Elle commentait avec une certaine bienveillance ce que je disais. Mais je trouvais cela indélicat de sa part, surtout après 5 mois de ghosting. Et tout de suite après, alors que ces derniers temps j’arrivais à nous imaginer amoureux, là, les tensions reprennent. Depuis presque un an et demi que je pense à elle tous les jours, que je l’aime tous les jours, ça a été ma façon à moi de ne pas devenir fou : Imaginer qu’on était ensemble, qu’on se baladait sur la plage, ce genre de choses. Comme un refuge. Une fuite ? Peut-être. En tout cas, je préfère vivre comme ça, en l’aimant de loin, mais en chérissant de belles images, histoire de remplacer celles où je la laisse me crucifier. Elle, dans tout cela, s’en fout je pense. Peut-être qu’elle a une certaine affection, une certaine pitié, mais elle s’en fout de moi, ou, en tout cas, de ce que je peux ressentir de face à ses actes et ses mots. Mais je n’ai pas sa réponse, je ne l’aurais sûrement jamais, à découvert. Et… comme je détestais qu’elle se mette à penser à ma place, je ne vais pas faire l’injure de penser ou ressentir à la sienne. Alors, j’essaie de rester dans mon rêve, cette sensation de joie dans ma poitrine, comme une fusion, une expansion, un sourire radieux venu du plus profond de ma chair.

Max m’a dit que je faisais du drame, que j’aimais ça. C’est sans doute vrai. Mieux vaut ressentir des choses intenses que rien… J’aimerais seulement que l’intensité soit dans la joie. J’aimerais qu’É. m’appelle mais… Crevé, j’ai coupé la conversation, et j’ai écrit ce poème avant d’aller me coucher :

 

Le drame et moi

 

Il est là. Il traîne ses valises dans ma tête.
Il fume mes dernières clopes,
et me pique mes silences.

Je dis que je veux m’en débarrasser.
Mais la vérité ?
Je l’aime. Mon drame.
Je l’ai nourri, abrité, bercé parfois.
Il me tient compagnie quand tout s’effondre.
Il me donne l’impression qu’il se passe quelque chose,
même quand rien ne bouge.

Mon drame,
c’est mon chien blessé que je garde

en laisse

une laisse trop courte.
C’est mon théâtre intérieur. Mon vieux fauteuil.
Une couverture qui gratte mais qui rassure.

Je crois que j’ai besoin qu’on me dise :
« Tu peux garder ton drame… sans t’y enfermer. 
Tu peux écrire avec lui, mais ne pas le laisser tenir la plume.

Tu peux l’aimer,
mais te choisir.

Et peut-être, un jour,
il deviendra juste ce qu’il est :
un beau rôle de composition,
dans une vie qui s’ouvre. »

 

Au fond, les deux seules et uniques choses qui comptent en ce monde sont la tendresse et l’amour. L’éveil n’a rien à voir avec cela. J’ai vu des « éveillés » se comporter que des raclures.

 

Dans la nuit, j’ai fait un rêve chelou. On était prêts à s’envoyer en l’air avec J., la mère de mon fils C’était bizarre de rêver de ça, d’elle. On s’astiquait et… au moment où on était prêts, nus, chauds, elle s’est reculée brutalement, en panique, Des téléphones étaient sous les draps, son mari avaient tout entendu.

Je me suis réveillé à 6h00 avec un braquemart non assouvi et mes tensions et pensées de chamaille sont reparties de plus belles, sur É. J’ai essayé de les contrer mais rien à faire. Alors, je me suis levé, étiré, et, bien que la veille je m’étais promis de ne plus le faire, je suis allé acheter du café et des cigarettes. Il fait gris dehors, il est 8h45 du matin au moment où j’écris ces mots, ma journée d’écrivain peut commencer. 

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